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Ce que je dis, je le ferai,
Je t’étranglerai, mangerai :
Il suffit que j’en ai juré !
Quand les dieux prendraient ta querelle,
Je t’étranglerai, mangerai,
Si tu nommes jamais ma belle !

L’une des « entrées » contenait déjà des vers à la gloire de Molière. Ces vers de Benserade nous renseignent sur la faveur, la haute « situation » dont jouissait l’auteur de Tartuffe !


POUR MOLIERE

Le célèbre Molière est dans un grand éclat :
Son mérite est connu de Paris jusqu’à Rome.
Il est avantageux partout d’être honnête homme,
Mais il est dangereux avec lui d’être un fat.

Qu’on vienne nous dire après cela que Molière fut méconnu ! Lorsqu’au commencement de l’année 1667, on reprit ce ballet des Muses, Molière y ajouta une quatorzième « entrée » : Le Sicilien ou l’Amour Peintre :

Ce Sicilien que Molière
Représente d’une manière
Qui fait rire de tout le cœur

et qui trouvera sa place au numéro d’ordre des galas musicaux du Grand divertissement royal dont on n’extraira sans doute que ce fragment.

On doit remonter aussi la farce magistrale de Pourceaugnac, conçue à Chambord, en septembre 1669, et dont le succès fut lui que Robinet put dire, après avoir vu deux représentations de la pièce de Molière :

Tout est, dans ce sujet follet
De comédie et de ballet
Digne de son rare génie…

Je ne désespère pourtant pas, au train où nous allons, de voir, un jour, cette folie jouée en mélodrame ; cardes esthètes réformateurs voient aussi dans le bouffon « Limosin » un pauvre persécuté ! (Sic.) Pour certains, — je les pourrais nommer, puisque je suis en lutte avec eux, — Pourceaugnac devrait faire