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ramener les personnages à la « vérité. » ( ? ), c’est-à-dire, les éteindre. Verser Cathos et Madelon dans l’emploi des « coquettes » est une erreur. Il y faut des « comiques, » car la vérité vraie, en l’occurrence, est que ces « pecques provinciales » sont insupportables de niaise prétention et d’une incommensurable sottise, puisqu’elles se pâment devant un laquais de mardi-gras, leur débitant d’abracadabrantes idioties. Il faut donc en marquer le grotesque.

Il en va de même pour Mascarille qui devrait toujours être vêtu conformément à la description que Mlle des Jardins nous a laissée, Les détails du costume sont précis et d’une irrésistible drôlerie dans leur folle exagération. Pourquoi ai-je rencontré tant de critiques chez mes collègues ? Il me semble que M. Georges Berr, excellent dans ce rôle, devrait donner l’exemple sur ce point et renforcer ainsi la « bouffonnerie » voulue de cette satire à tous crins. Que certaines exagérations vestimentaires soient atténuées ou supprimées en d’autres œuvres plus solennelles, passe ; mais, ici, elles sont indispensables à la compréhension du texte dont beaucoup de gens, je le répète, n’entendent plus le moindre mot.


Emile Perrin avait en horreur la joyeuse comédie du Cocu imaginaire ; il en disait ouvertement autant de mal qu’on en écrivait au XVIIIe siècle et sous le premier Empire, bien que le sévère et sagace Geoffroy reconnût « le grand homme à l’excellence du dialogue, à la verve du style, à la naïveté des plaisanteries, etc.. » Perrin, lui, niait tout en bloc et trouvait la pièce aussi plate qu’ennuyeuse.

J’en suis à me demander, aujourd’hui, fort de mon expérience, si ce dégoût manifesté par Perrin n’influa point sur l’interprétation de Got, très timoré au fond. Got avait commencé par jouer Sganarelle avec une verve inouïe, avec un succès de rire dont j’ai gardé l’ineffaçable, le bienfaisant souvenir. Peu de « bouffes. » m’ont aussi franchement diverti ; et Got, dans ce rôle, était devenu pour moi le parangon du « comique. » Mais, depuis le règne de Perrin, Got ne retrouva plus jamais, — je dis : jamais, — cette furia joyeuse. Il éteignit le rôle, et la demi-teinte se prolongea sur l’interprétation de son successeur. Résultat magnétique provenant, sans doute, de