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ordinaire a subi, au cours de la guerre, la plus forte augmentation, puisqu’il est aujourd’hui septuple de ce qu’il était en 1914 ; il s’élève, en effet, à 1 418 millions de livres contre 200 il y a six ans. Mais il comprend la totalité des chargés, la Grande-Bretagne s’étant toujours refusée à faire une distinction entre les dépenses ordinaires et les dépenses extraordinaires. Toutes rentrent dans le cadre d’un compte annuel, qui est, selon l’expression consacrée, un budget de gestion et non pas de compétence. Si cette progression semble plus rapide que chez aucun autre des Alliés, nous devons faire remarquer que celle des dépenses est en réalité moins forte : en effet, le total de 1 418 millions de livres comprend seulement 1 184 millions de crédits ouverts. Il reste un solde de 254 millions, soit plus de 6 milliards de francs (au change fixe de 25 francs par livre sterling), disponible pour l’amortissement. Il n’est demandé aux ressources normales que 1 100 millions de livres, soit 27 milliards de francs, somme proportionnellement inférieure, en tenant compte du chiffre de la population, aux 20 milliards que la France va demander à ses contribuables. Celle-ci, en effet, compte 38 millions d’habitants, la Grande-Bretagne 55.

Les finances italiennes ont ressenti les effets de la guerre comme celles des autres Alliés. Les hommes d’Etat de Rome avaient eu la sagesse d’établir de nouveaux impôts et de contracter des emprunts avant même que leur pays fût venu se ranger à nos côtés. Aussi ont-ils pu contenir la circulation fiduciaire des instituts d’émission (Banque d’Italie, de Naples et de Sicile) dans la limite, qui n’est pas excessive si on la compare avec celle d’autres nations, de 13 milliards de lire. Les dépenses ordinaires et extraordinaires du dernier exercice (1er juillet 1918 au 30 juin 1920) se sont élevées à 33 milliards de lire.

La Yougo-slavie n’a pas encore pu établir de budget. Chez tous les Alliés, nous trouvons une situation financière des plus sérieuses, qui impose aux peuples des sacrifices dépassant tout ce qu’on aurait cru possible il y a quelques années. Elle a eu notamment pour conséquence une inflation fiduciaire, qui amène des perturbations dangereuses dans l’économie interne des nations et dans leurs rapports internationaux, et ces perturbations s’expriment par les cours des changes. Il n’est pas jusqu’aux États-Unis d’Amérique, dont la puissance est cependant énorme et les ressources naturelles pour ainsi dire illimitées, qui n’aient