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L’industrie sucrière comptait, en 1913, 206 fabriques, dont la production s’élevait à 864 000 tonnes. En 1917, nous n’avions plus que 61 fabriques qui nous ont donné 196 000 tonnes, le quart du chiffre d’avant-guerre : le dommage, déjà en 1919, était évalué à un milliard de francs. Celui des distilleries et industries agricoles, au même montant. Pour les brasseries, on a établi, toujours à la même date, un chiffre de 600 millions ; pour les huileries, 200 ; pour les tanneries et corroieries, 170 ; pour la meunerie, 400 ; pour les imprimeries, papeteries, cartonneries, 700, au total pour cette catégorie, plus de 4 milliards.

En dehors des catégories d’industries que nous avons citées, il en est bien d’autres qui ont également souffert et dont le bilan n’a pu être établi. En nous bornant à celles que nous avons énumérées et en additionnant les évaluations certainement très inférieures à celles qui devraient être faites d’après les cours actuels, nous arrivons au total formidable de 54 milliards pour’ les dommages causés à l’industrie proprement dite.


IV. — ENTREPRISES ET MOYENS DE TRANSPORT ET DE COMMUNICATION

Les dommages subis par les moyens de transport sont particulièrement graves, parce que, en dehors de la perte directe qu’ils représentent, ils entraînent, par voie de conséquence, de profondes perturbations économiques. Si les premières réparations nécessaires à la conservation des immeubles non entièrement détruits, se sont si fâcheusement fait attendre, si les habitants ne peuvent se réinstaller, c’est avant tout à la destruction des voies de communication qu’il faut l’attribuer. Ici les dommages indirects, parfaitement tangibles, l’emportent sur les dommages directs. Ceux-ci, à eux seuls, sont déjà énormes, 5 600 kilomètres de voies, dont 3 300 sur le réseau du Nord et 2 200 sur celui de l’Est, 500 ponts et aqueducs, 12 tunnels, 500 bâtiments, 150 réservoirs d’alimentation, 3 180 kilomètres de lignes télégraphiques et téléphoniques, des ouvrages métalliques représentant 20 000 tonnes, ont été détruits ou mis hors de service. 50 000 voitures, wagons ou locomotives sont tombés aux mains de l’ennemi. Les dommages ont été évalués à plus de 7 milliards.

Quelle qu’ait été l’étendue du désastre, il est consolant de constater avec quelle énergie nous avons travaillé au