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produisant 35 000, 2 laminoirs pour roues et bandages produisant 45 000 pièces chacun, 12 pilons, 4 presses à forger, 14 presses à emboutir. Des mêmes établissements sortaient tous les ans 240 lenders, 3 000 wagons de grande capacité, 10 000 châssis automobiles, 10 000 emboutis ! 12 000 essieux, 10 000 pièces de forge pour artillerie et constructions navales. Le chef de cette industrie, dans un mémoire adressé au président Wilson, lui exposait les faits et citait le rapport de l’Allemand Schrodter, qui, le 31 janvier 1915, devant l’assemblée des ingénieurs de Dusseldorf, se félicitait d’avoir démoli les installations, logé les troupes dans les magasins, transformé les ateliers en écuries. M. Arbel cite les noms des industriels allemands qui, déménageant la grande presse, unique au monde, d’une force de 1 200 tonnes et de 22 mètres de long, narguaient le directeur français resté à son poste et lui disaient : « C’est avec cet engin que vous nous avez enlevé la commande de cent wagons pétroliers roumains ; nous allons l’emporter dans nos usines, et c’est nous qui ferons les wagons Arbel à votre place. » La suite du mémoire de notre compatriote mérite d’être citée : « Pendant trois mois, dit-il, un ingénieur allemand a compulsé toutes nos archives, particulièrement les dessins de nos outillages, a mis de côté tout ce qui a pu lui être utile et lui a fait prendre le chemin de l’Allemagne. Le surplus a été odieusement brûlé, détruit, saccagé. De l’énorme effort intellectuel, commercial et financier condensé dans nos archives, il ne reste plus que poussière. Il nous faudra sept à huit ans pour rétablir notre industrie. Pendant ce temps l’Allemand, qui, bien que vaincu, aura maintenu et développé formidablement pendant la guerre ses instruments de travail, qui les aura accrus de tous ceux qu’il nous aura volés, poursuivra son action néfaste dans le monde, en nous volant notre clientèle, comme il nous aura volé nos moyens d’action. »

La Société d’Hénin-Liétard (Pas-de-Calais) réclame 318 machines ; les Forges et Aciéries du Nord, à Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, signalent trois hauts-fourneaux de 225 tonnes mis hors d’usage, après enlèvement ou dynamitage de tout l’outillage. Les établissements de Fives-Lille, l’usine de métallurgie de cuivre de la Compagnie française des métaux, à Givet, ont été détruites.

Essayant de traduire en chiffres les dégâts dont nous avons