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d’enlèvement et de destruction n’ont pas été moins complètes. Dès février 1915 commença le pillage systématique, accompagné de destructions non moins systématiques, les deux opérations poussées avec une intensité croissante jusqu’au jour où l’armistice y mit fin. Ici comme ailleurs, tout fut ordonné et conduit par des organisations allemandes, spécialement instituées à cet effet. Files ont comporté des enlèvements de matières premières et de produits fabriqués, les matières premières étant souvent obtenues par bris de machines ou d’outillage ; des enlèvements de matériel et d’installations en vue d’un emploi déterminé ; des destructions méthodiques.

Aux seules usines de Senelle-Maubeuge, les enlèvements de matières et de produits, du 25 août 1914 au 11 novembre 1918, ont porté sur 130 000 tonnes. Mais ce tonnage formidable ne suffit pas à donner une idée du mal causé. Que l’on songe par exemple à ce que représentent 118 340 kilogrammes de bronze et autres métaux : c’étaient des robinets, des vannes, des coussinets, dont le démontage immobilise toutes les machines de l’usine et dont le remplacement sera aussi long que laborieux ; il faudra refaire les dessins de très nombreuses pièces, recomposer les modèles disparus, couler et usiner les pièces nouvelles. Les 9 247 tonnes de fontes moulées comprennent 2 380 tonnes de cylindres qui constituent l’outillage des laminoirs, correspondant à tous les profils de laminés produits par la Société. La reconstitution de ce matériel ainsi que des pièces moulées que représentent les lingotières, bases de lingotières, châssis de moulage, gueusards des hauts fourneaux, plaques de dallage des ateliers, sera particulièrement difficile et onéreuse.

Une importante partie des installations de l’usine ont été démontées, et remises à des sociétés allemandes. On n’a pas encore dressé la liste complète des receleurs qui ont bénéficié de ces vols : mais on en connaît déjà bon nombre, dont les noms figurent dans le travail de M. Louis Dubois : celui-ci évalue le poids des objets soustraits à 5 420 tonnes, sans faire entrer dans ce calcul les wagons particuliers, ni les fournitures qui se trouvaient dans les magasins, telles que huile, graisse, courroies, aciers à outils, boulons, rivets, articles de quincaillerie…

La Société de Senelle-Maubeuge a très justement demandé, que, pour tout le matériel lui appartenant qui pourra être