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l’initiative des opérations, et que le maréchal Foch en profita pour attaquer sans répit, la situation fut immédiatement renversée au point de vue des pertes ; nous l’avons constaté à notre profit dans notre camp (97 000 pertes définitives en mai-juin, 35 000 en septembre-octobre-novembre), constatons-le aussi chez l’ennemi à son détriment : « La guerre demande des hommes, répète Ludendorff. La bataille défensive est beaucoup plus coûteuse que l’attaque et cette vérité est évidente. Août, septembre, octobre 1918 nous ont coûté beaucoup plus cher que les mois d’avril-mai. Les pertes consistaient surtout en blessés légers revenant dans leurs corps : les blessés légers de la fin ont été pris par l’ennemi. » Du 15 juillet au 31 octobre, nous avons capturé en effet 364 000 prisonniers, auxquels il faut ajouter les morts et les blessés évacués et les « tireurs au flanc » de toute nature qui, des dépôts jusqu’aux arrières immédiats de l’armée, sont signalés comme une plaie de plus en plus envahissante dès le mois d’août.

Ludendorff supprime 10 divisions en août, 12 en septembre. Quand, le 2 octobre, le major von dem Busche, représentant le G. Q. G., expose aux chefs des partis du Reichstag que le moment fatal est arrivé : « Nos troupes se sont en grande majorité admirablement battues, dit-il… Néanmoins, le haut commandement dut prendre la décision effroyablement lourde de déclarer que, autant qu’il était possible à un homme d’en juger, il n’y avait plus possibilité de contraindre l’ennemi à faire la paix. »

C’est à peu près uniquement sur la pénurie des effectifs qu’il s’appuie : « La question des renforts est devenue décisive. L’armée est entrée dans la grande bataille avec des effectifs faibles. Malgré les mesures prises, les effectifs de nos bataillons sont tombés de 800 hommes en avril a 540 à la fin de septembre. Et nous n’avons pu obtenir ce chiffre qu’en procédant à la dissolution de 22 divisions, soit 66 régiments. La défaite bulgare a mangé 7 autres divisions. Il n’y a aucun espoir d’amener les effectifs à des taux plus élevés. Les renforts normaux, blessés guéris, récupérés, ne couvriront pas les besoins d’une campagne d’hiver calme. Seule la mise en ligne de la classe 1900 (qui correspond à la classe française 1920) augmentera l’effectif des bataillons de 100 hommes… Maintenant nos réserves arrivent à leur fin. Si l’ennemi continue à attaquer, la situation peut exiger