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comment finit la guerre.

front, fut remplacé, et la Grande Île ne fournit que 1 000 hommes en 1918, au moment où nos besoins étaient le plus urgents. Nous avons un régiment malgache sur le Rhin, 10 000 Malgaches dans l’artillerie lourde, d’autres dans tous les services, téléphones, T. S. F., Santé (infirmiers et même médecins), grâce au développement de l’instruction à Madagascar, où la France récolte les fruits semés par le général Galliéni pendant son gouvernement de neuf années.

Au moment de la mobilisation, l’Indo-Chine offrit d’envoyer en Europe quelques bataillons : le Commandement les refusa. Heureusement l’arsenal de Saïgon, supprimé, fournit des ouvriers annamites à celui de Toulon ; cette main-d’œuvre excellente amena des demandes analogues ; les Annamites furent employés avec succès dans toutes les spécialités, aviation, services auxiliaires, convois automobiles où ils restaient 5 000 en 1919 et se faisaient remarquer par la bonne tenue de leur matériel. Enfin, on songea que ces cousins des Japonais pourraient être employés comme combattants ; les trois bataillons engagés sur le front s’y comportèrent fort bien. Mais les tâtonnements du début et les difficultés de transport à la fin des hostilités limitèrent leur emploi à 50 000. Le général Pennequin, ancien commandant supérieur des troupes de l’Indo-Chine, le Français qui connaissait le mieux ces races et qui était le mieux connu d’elles, insistait beaucoup en 1915 pour aller en mission et proposait d’y recruter 200 000 ou 300 000 hommes ; mais le général Pennequin mourut sans qu’il fût donné suite à son projet.

La Côte des Somalis nous a donné un excellent bataillon ; elle a pour hinterland l’Abyssinie, qui a été fort troublée en 1914-1915 par les intrigues turques et allemandes, et les grandes ressources de sa population guerrière n’ont pas été utilisées. Le bataillon canaque recruté en Nouvelle-Calédonie s’est très bien comporté, mais c’est tout au plus si nous pouvions transporter ses relèves.

Outre les combattants, les colonies nous ont fourni des travailleurs : 94 000 pour l’Algérie-Tunisie, 35 000 pour le Maroc, 54 000 pour les colonies tropicales ; la Chine nous a donné 37 000 coolies, mais le recrutement de la main-d’œuvre chinoise demandait une organisation préalable dont l’absence s’est fait sentir. Au total, 221 000 travailleurs, qui ont permis de récupérer un nombre correspondant de combattants français.