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défensive du 25 mars au 30 juin ; elle nous coûta 145 000 tués, disparus ou prisonniers et 266 000 blessés ou malades évacués en trois mois et huit jours. La bataille offensive, — en y comprenant les petites opérations qui la préparèrent pendant la première quinzaine de juillet, pour laquelle la discrimination n’est pas faite, — du 1er juillet au 11 novembre, en quatre mois et onze jours, nous coûta 110 000 pertes définitives, 368 000 évacuations ; mais il faut remarquer que ce dernier chiffre est majoré par des évacuations de la période défensive. Il faut remarquer en outre que le nombre des tués, de 75 000 pour juillet-août, est tombé à 35 000 pour septembre-octobre-novembre, malgré les durs combats de la 4e armée à son débouché en Argonne. Nous trouvons donc confirmation de ce fait que l’offensive coûte beaucoup moins cher que la défensive. L’expérience de notre adversaire concorde avec la nôtre : « Le combat défensif moderne, dit Ludendorff, est plus coûteux que l’attaque, ce qui est aussi en faveur de l’offensive. Les mois d’août, septembre et octobre nous ont beaucoup plus coûté que les mois de mars, avril et mai de la même année, pendant lesquels les pertes consistaient surtout en blessés légers qui sont revenus. Les prisonniers que nous perdîmes dans la défensive devaient être classés comme pertes définitives. »

En outre, nous avons aussi confirmation d’une vieille vérité souvent perdue de vue dans les discussions qui accompagnaient nos offensives au cours de cette guerre : quand une attaque heureuse se prolonge suffisamment, à mesure qu’elle gagne du terrain, la lutte devient moins rude, la progression plus facile, les pertes beaucoup plus légères : Vires acquirit eundo, telle la boule qui descend sur un plan incliné, selon la comparaison favorite du maréchal Foch.

Quel était l’état de nos effectifs le 11 novembre, au moment de l’armistice ? Nous avions sur le front 2 846 000 hommes, donc 54 000 hommes de moins qu’en mars. Mais la classe 1917 était encore intacte, à l’instruction depuis avril (229 000 h.) ; la revision des ajournés de la classe 1918 et la revision des classes précédentes devaient nous donner environ 40 000 hommes ; l’Afrique du Nord nous avait fourni 68 000 hommes dès ce moment utilisables, l’Afrique noire 73 000 hommes qui devaient attendre le printemps, et dont nous ne parlons que pour mémoire : c’étaient à tout le moins des troupes d’occupation toutes