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franchit l’Aisne par surprise vers Vouziers, le 18, sur un front de 5 kilomètres et reprend sa progression toujours pénible. De ce côté, les difficultés du terrain ont empêché d’obtenir tous les résultats, et cette branche droite de la tenaille s’est avancée plus lentement que la gauche. Mais les pertes de l’ennemi ont été très fortes et les conséquences de cette usure vont se faire sentir.


Le 18 octobre, une nouvelle directive du maréchal Foch a lancé ses armées dans les directions déjà indiquées le 10 ; le maréchal rappelle sans cesse que « les troupes lancées à l’attaque ne doivent connaître qu’une direction d’attaque ; elles opèrent, non sur des lignes indiquées a priori, d’après le terrain, mais contre un ennemi qu’elles ne lâcheront plus une fois qu’elles l’auront saisi. »

Le 20 enfin prend corps un projet qu’il mûrit depuis longtemps : « Les opérations en cours, » écrit-il au général Pétain, « visent à rejeter l’ennemi à la Meuse… Pour faire tomber la résistance de cette rivière, il y a lieu de préparer des attaques de part et d’autre de la Moselle en direction de Longwy-Luxembourg d’une part, en direction générale de la Sarre, d’autre part. » Tout indique au maréchal que l’instant suprême approche. L’état d’usure des armées allemandes lui est confirmé sur tout le front. Le Service des Renseignements des armées françaises, ce « deuxième bureau » si injustement décrié, ne se contente pas de précisions détaillées et il s’élève à des vues générales ; il remarque, dès le 10, que les voies ferrées qui permettent de transporter les troupes allemandes parallèlement au front, et dont l’emploi est indispensable à l’entrée en action des réserves, sont en grande partie entre les mains des alliés ou très menacées ; dès que la transversale Valenciennes-Mézières-Longuyon sera sous leur canon, il sera privé de sa principale ligne de rocade : « Il aura alors une proportion de forces beaucoup trop grande à l’ouest des Ardennes, par rapport à celles qui seront à l’est (actuellement environ 150 divisions sur 187 entre la mer et la Meuse) ; cette proportion, il ne pourra la changer que très lentement (par voies ferrées, une division par jour). Donc il sera dans une situation très difficile devant une attaque française en Lorraine. Une concentration, rapidement menée, dès que possible,