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en avaient révélé tous les détails. Les 17 et 18 août, les divisions en secteur s’emparaient de toute cette zone de couverture et même prirent pied sur un certain point dans la ligne de résistance afin de l’entamer, faisant plus de 2 000 prisonniers. Du 18 au soir au 20 au matin, pendant ces trente-six heures, toute l’artillerie fut avancée, afin de pouvoir appuyer le plus loin possible la marche de l’infanterie sans avoir à changer de position. L’ordre d’attaque prescrivait de se reformer au pied des pentes après l’enlèvement des deux positions ennemies, et de pousser ensuite jusqu’au cours de l’Oise et de l’Ailette. Le général Fayolle n’aurait pas voulu qu’on s’établît dans le fond des vallées, terrain marécageux où s’imposeraient des tranchées et des boyaux d’une occupation pénible pendant l’hiver ; mais l’heure était évidemment passée de ces préoccupations.

Depuis le 17, la préparation d’artillerie n’a pas cessé sur la deuxième position allemande. Le 20, à 7 heures 10 du matin, la 10e armée part à l’attaque ; toutes les positions allemandes sont enlevées. Le 21, les Français manœuvrent contre les divisions d’intervention qui essaient de rétablir la situation. Le 22, ils arrivent à l’Oise et à l’Ailette. Le général Mangin a dit : « Il est temps de secouer la boue des tranchées. » C’est fait. « Malgré tous les préparatifs, dit Ludendorff à propos de ces événements, la bataille avait pris un cours défavorable ; les nerfs de l’armée étaient tendus. La troupe ne supportait plus partout le puissant feu de l’artillerie et l’assaut des tanks. Nous recevions la-dessus un deuxième avertissement. Nous avions subi encore une fois des pertes lourdes et irréparables. Le 20 août aussi était un jour de deuil ! Véritablement, il poussait l’ennemi à poursuivre son offensive. Je comptais que l’offensive ennemie continuerait entre Oise et Aisne en direction de Laon. La direction de l’attaque était bien choisie. Elle devait rendre intenables aussi bien la position de la XVIIIe armée au Nord de l’Oise que celle de la VIIe au Nord de la Vesle. L’ennemi exerçait une forte pression contre la ligne Soissons-Chauny. Des combats très durs se livrèrent ici, marqués par de cruelles alternatives. On ne pouvait encore dire quelle en serait l’issue. »

De ces considérations il est intéressant de rapprocher celles qui avaient servi au général Mangin à motiver son attaque : « La mise en œuvre de gros moyens entre Aisne et Oise se justifie parce que cette région sera toujours le pivot de la manœuvre :