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estimées à une somme forfaitaire de 500 millions de livres sterling ;

3° Le solde de 1 500 millions ne porterait pas intérêt et serait payable par l’Allemagne en trente annuités de 50 millions chacune, à partir de 1923 ;

4° La Commission des réparations serait dissoute, ou ne serait conservée que comme une annexe de la Ligue des Nations ; elle comprendrait des représentants de l’Allemagne et des pays neutres ;

5° L’Allemagne serait laissée libre de faire les versements annuels comme bon lui semblerait : toute réclamation contre elle pour non-exécution de ses engagements serait soumise à la Ligue des Nations. Il n’y aurait plus d’expropriation de biens de particuliers allemands situés au dehors ;

6° Aucune réparation ne serait exigée de l’Autriche.

Examinons ce programme, d’une simplicité que nous qualifierions de touchante, si, en matière aussi grave, il était permis de sourire. Ainsi voilà une guerre qui a augmenté la dette française de 200 milliards, la dette anglaise d’à peu près autant, la dette des États-Unis d’Amérique d’une centaine, la dette italienne d’une soixantaine, la dette roumaine et la dette belge chacune d’une vingtaine de milliards de francs, sans compter les emprunts que ces quatre Puissances, et celles qui, comme la Serbie, n’ont pas encore pu faire appel au crédit, auront à émettre au cours des années à venir. Le total en atteindra vraisemblablement 700 milliards, représentant une charge annuelle de 35 à 40 milliards de francs, — et l’Allemagne serait quitte moyennant paiement d’un capital de 2 milliards de livres, c’est-à-dire 50 milliards de francs, qui dépasserait à peine l’une des annuités dont les pays vainqueurs sont débiteurs à perpétuité, ou tout au moins jusqu’à l’époque où ils pourront rembourser le capital. Pour ne prendre qu’un exemple, alors que nous Français, nous prévoyons d’ores et déjà à notre budget un chapitre de 10 à 12 milliards de francs pour le service de notre dette, les Germains en inscriraient la moitié : au service de leurs emprunts de guerre, qui s’élève à 7 ou 8 milliards, ils n’auraient à ajouter qu’une annuité de 50 millions de livres sterling, soit un milliard et quart de francs. Et ce milliard et quart ne serait payé que pendant 30 ans ! et à partir de 1923 seulement 1 et il comprendrait à la fois le service de l’intérêt et celui de l’amortissement, si bien qu’en 1953 le fardeau serait