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règlement de ce compte, auquel elle ne fournira d’ailleurs qu’une fraction bien faible du total exigible. Il en est de même de la faculté laissée aux Alliés de liquider les biens allemands situés sur leur territoire, et d’en verser le produit au compte de compensation, qui doit grouper les créances et les dettes des particuliers et des sociétés dont la liquidation est confiée à leurs gouvernements respectifs.

M. Keynes déclare ne pas comprendre le pouvoir conféré à la Commission des réparations d’exiger de l’Allemagne, avant le 1er mai 1921, un paiement, en espèces ou en nature, d’une somme d’un milliard de livres sterling : mais ce n’est là qu’une application du principe de l’obligation de réparations, puisque tout ce qui sera payé de ce chef viendra en déduction du montant mis à la charge de l’Allemagne. Nous aurons occasion d’expliquer ces clauses avec plus de détails, lorsque nous analyserons le traité. Nous avons voulu, dès aujourd’hui, montrer dans quel esprit d’hostilité préconçue M. Keynes commente une série de dispositions, qui ne sont que la conséquence logique d’un principe que lui-même n’a pas osé combattre ouvertement, tant il est légitime.


IV

M. Keynes ne vise à rien moins, pour corriger le traité qu’il abhorre, qu’à un renversement des gouvernements européens qui l’ont signé. Il excepte toutefois de cette révolution, nécessaire à ses yeux, son propre pays, la Grande-Bretagne, dont il considère la situation économique comme beaucoup moins périlleuse que celle des nations continentales. En attendant, il refait à sa guise l’instrument diplomatique et propose l’arrangement suivant :

1° Le montant des versements à effectuer par l’Allemagne, au titre des réparations et du remboursement des frais de l’occupation par les armées alliées, serait fixé à 2 milliards de livres sterling ;

2° Les livraisons de navires de commerce et de câbles sous-marins stipulées par le traité, du matériel de guerre prévues par l’armistice, des biens domaniaux sur les territoires cédés, des créances sur ces territoires du chef de la dette publique, des créances de l’Allemagne contre ses ex-alliés, seraient