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comment finit la guerre.

reille pénétration de l’ennemi. C’est l’affaire du Grand Quartier Général sans doute de veiller aux réserves. Mais la situation militaire ne nous permettait pas d’avoir, derrière chaque division défaillante, une division prête à la remplacer… Une journée comme celle du 9 avril bouleversait tous les calculs…

« La bataille d’Arras battait son plein dans la seconde quinzaine d’avril, exigeant des réserves et du matériel en grande quantité, quand, le 16 avril, les Français commencèrent une offensive de grande envergure, sur l’Aisne et en Champagne… »

Cependant la préparation de l’offensive française était commencée sur le front de l’Aisne ; elle était très gênée par le temps pluvieux et par une mauvaise organisation de l’aviation de combat, concentrée au groupe d’armées : les avions de réglage, pendant leurs rares heures de vol, n’étaient pas protégés contre les attaques des appareils ennemis.

L’attaque, d’abord fixée au 14, fut reculée au 16.

Le 14, le groupe d’armées d’Espérey avait tâté la ligne Hindenburg aux abords de Saint-Quentin et avait reconnu toute sa force sans pouvoir l’entamer avec les faibles moyens d’action dont elle disposait… Devant le front de l’Aisne, les Allemands n’avaient cessé de se renforcer en infanterie et en artillerie ; il devenait évident qu’ils y résisteraient à outrance. Sans être excellente, la préparation de l’attaque, quoi qu’on en ait dit, était bonne. Toutefois, on n’avait pu donner à la 6e armée le nombre de canons lourds qu’elle avait demandé pour la destruction de la ligne Hindenburg devant sa gauche et les canons longs qu’elle jugeait nécessaires pour l’accompagnement de son attaque à droite. Le moral des troupes françaises était monté au plus haut point ; le recul Hindenburg était considéré avec raison comme un aveu de faiblesse ; la révolution russe débarrassait notre alliée d’une cour et d’un gouvernement liés à l’Allemagne ; elle apparaissait comme une explosion à la fois patriote et libérale, qui rappelait l’aurore de la Révolution française. Les hésitations du gouvernement et de certains états-majors n’avaient pas eu le temps de descendre dans la troupe, où la confiance dans le succès était complète.

Le 16 au matin, l’infanterie française sort de ses tranchées, et la première ligne allemande est enlevée sur tout le front. La