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permettent d’étudier les procédés de combat des différentes armes. Ces centres ont même un caractère de mutualité tout à fait original et bienfaisant ; car tous ces chefs qui sortent de la bataille se font part de l’expérience qu’ils viennent d’acquérir la veille et en discutent avec la passion de trouver mieux pour le lendemain. Ainsi s’établit derrière et tout contre la ligne de bataille, un organisme d’une puissance et d’une sensibilité incomparables ; il enregistre à la minute toutes les variations du combat et il en restitue la leçon.

Sans doute, dans toutes les armées alliées s’est installée progressivement une organisation analogue adaptée au tempérament national ; des échanges d’officiers permettaient d’ailleurs à chacune de mettre à profit les méthodes de la voisine, mais nous pouvons dire avec quelque orgueil que notre organisation fut la première en date et qu’elle ne s’est à aucun moment laissé dépasser même par les écoles britanniques pourtant si complètement et pratiquement installées ; nous avons également pu nous rendre compte que nulle part le système d’instruction n’a présenté un ensemble aussi cohérent et permettant d’atteindre toutes les formations et tous les grades.

Une improvisation de cette envergure atteste chez le personnel qui l’a lancée, puis menée à bonne fin, une souplesse d’esprit peu ordinaire. La qualité elle-même est propre à la race, mais ce résultat étonnant d’adapter immédiatement aux besoins du jour un formidable instrument de guerre prouve sans conteste que cette qualité a été longuement et méthodiquement exploitée, qu’elle a fait l’objet principal de l’enseignement professionnel donné à notre corps d’officiers.

On ne saurait chercher un témoignage plus éclatant de la valeur de cet enseignement.

Et pourtant, à lui seul cet enseignement n’aurait pas suffi à assurer la victoire. Si haut degré qu’il atteigne, si large et fécond que soit le recrutement sur lequel il exerce son action bienfaisante, il fournira des exécutants consciencieux, des techniciens habiles, il ne donnera pas des officiers.

Pour entraîner des hommes jusqu’à la mort, pour les manœuvrer sous le feu, pour leur donner l’exemple de la bravoure et du sang-froid, en un mot pour faire des chefs, il faut