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arriva de Liège ; et de Londres accourut le P. Wyndham, historien anglais de Jeanne, et qui devait, douze ans plus tard, dans la chaire de Reims, célébrer sa béatification. En réponse à une question posée par Rome, Léopold Delisle attesta, ainsi que M. Marius Sepet, que la publication des deux procès de Jeanne, faite par Quicherat, méritait créance.

D’autres séances se tenaient, d’un tout autre aspect. On y parlait de deux ulcères brusquement disparus, d’une ostéopériostite chronique tuberculeuse subitement guérie, et des médecins discutaient.

Rome à son tour discuta. Avec le temps, la cause de Jeanne passait en d’autres mains. M. Captier, devenu supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice, avait obtenu que la besogne de postulateur fût confiée à la douce et fine ténacité d’un autre sulpicien, M. Hertzog ; le cardinal Parocchi, mort en janvier 1903, était remplacé, comme rapporteur, par le cardinal Ferrata ; et puis, au mois de juillet de cette même année, le XXe siècle naissant, à qui Léon XIII avait révélé ce qu’était l’Église, sentit le vide qu’il laissait.

Léon XIII était déjà malade à la date du 19 juillet 1903, où devait se tenir la « congrégation générale sur les vertus héroïques de Jeanne ; » il regretta qu’il fallût l’ajourner. Il eût aimé, pour sa vie, ce coucher de soleil. Trois jours après, il mourait. La congrégation se tint en novembre ; un décret de Pie X, le 6 janvier 1904, proclama que Jeanne avait « pratiqué à un degré héroïque les vertus théologales et cardinales. » La lecture du décret fut solennelle. La France, à cette date, était encore présente dans cette Rome papale dont notre vieux Montaigne avait dit : « Elle mérite qu’on l’aime, confédérée de si longtemps, et par tant de titres, à notre couronne. » M. Nisard, ambassadeur de la République Française auprès du Saint-Siège, se tenait aux premiers rangs de l’assemblée, lorsque, le décret ayant été lu, l’évêque d’Orléans remercia le Pape pour le témoignage rendu à « la plus fameuse et la plus populaire des vénérables, » et lorsque Pie X tira de la vie même de Jeanne certaines leçons pour la France.

Il n’y avait plus d’ambassade, à Rome, le 13 décembre 1908, quand un second décret pontifical fut lu, relatif aux affaires les obtenus par l’intercession de la vénérable Jeanne d’Arc ; » mais la France, ce jour-là, eut une autre façon d’être présente. Sur