Même « sorcière, hérétique et relapse, » Jeanne demeura toujours, pour la ville d’Orléans, la « Pucelle digne de Dieu. » Un notaire, là-bas, conserve encore en son étude un registre de 1429, où son lointain prédécesseur, le bon tabellion Guillaume Girault, notait la venue de Jeanne comme « le miracle le plus évident qui eût été apparent depuis la mort de Notre Seigneur[2]. » Les Orléanais pensaient comme ce notaire : pour ce « miracle, » ils ne cessèrent jamais de dire merci à Dieu, et merci à leurs anciens évêques devenus leurs patrons, Monseigneur Saint Euverte, Monseigneur Saint Aignan.
L’habitude datait de la victoire même de Jeanne, et tout de suite elle avait revêtu l’aspect d’une liturgie religieuse. Jeanne, toute première, avec Dunois, avait, le 8 mai 1429, pris part au cortège d’actions de grâces qui devait inaugurer la longue série des processions annuelles dites de Jeanne d’Arc.