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leur plein. Et je ne parle que pour mémoire des insurrections en Bavière, en Posnanie et en bien d’autres endroits. Seuls, des officiers que j’envoyais sur place pouvaient, à force d’énergie, poursuivre notre tâche. En Bavière, ils rencontrèrent le plus complet appui du gouvernement démocratique d’Eisner. En Posnanie, ce fut naturellement le concours le plus prévenant. Autorités militaires et civiles s’empressèrent. Nous devons surtout la plus grande reconnaissance à Mgr Dalbor, l’archevêque de Posen et Gnesen, aujourd’hui cardinal, qui mobilisa tout son clergé pour la recherche de nos soldats.

Un point inquiétait beaucoup les prisonniers, c’était le paiement de l’argent qui leur était dû par leurs employeurs allemands. Grâce à la rapidité de la décision prise par le Gouvernement français de garantir le paiement des bons possédés par les hommes à leur rentrée en France, je pus tranquilliser les esprits dès le 16 décembre.

Puis il importait de faire disparaître la disette, menaçant partout. Les colis de vivres expédiés par les familles n’arrivaient plus ; les envois de la Croix-Rouge pillés en route ou retardés sans limite faisaient défaut.

La première ressource, immédiatement disponible, était constituée par les colis en souffrance dans les dépôts des camps, pour cause de destinataire introuvable. Par suite de l’organisation extraordinaire en vigueur, les prisonniers travaillant en arrière du front comptaient pour ordre dans les camps de l’intérieur, souvent très éloignés, au fond des provinces de Prusse. C’est par ces camps d’affectation que devaient passer correspondances et colis. Dans l’ignorance de l’endroit où était le destinataire, tout cela était conservé là en attente. La progression de nos armées et la libération automatique de ces travailleurs du front rendaient tous ces colis disponibles. Je donnai l’ordre de les verser à la masse. Dans certains camps, riches en détachements nominaux, il y en avait des quantités considérables, près de cent mille rien qu’à Soltau, par exemple. Je fis rayonner la distribution le plus possible. Puis, toujours pour obtenir une réalisation rapide, je demandai l’autorisation, qui me fut accordée assez rapidement, de prescrire aux Allemands des distributions de vivres supplémentaires à titre remboursable en nature.

Pour assurer l’arrivée au complet des wagons de vivres