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concluait-il à ce sujet, que le sang doit être regardé comme un produit de sécrétion des glandes vasculaires internes. »

Il appartenait à deux grands physiologistes français, Brown-Séquard et d’Arsonval, de compléter la conception exacte mais un peu rudimentaire de Claude Bernard et de montrer que la fonction des glandes à sécrétion interne est en réalité infiniment plus complexe et plus importante qu’il ne l’avait aperçu. Ces conclusions nouvelles auxquelles arrivèrent Brown-Séquard et son illustre élève et collaborateur sont excellemment résumées ainsi dans leur célèbre mémoire des Archives de physiologie : « Ces produits solubles spéciaux (les produits des glandes à sécrétion interne) pénètrent dans le sang et viennent influencer, par l’intermédiaire de ce liquide, les autres cellules des éléments anatomiques de l’organisme. Il en résulte que les diverses cellules de l’économie sont ainsi rendues solidaires les unes des autres et par un mécanisme autre que par des actions du système nerveux. » La donnée nouvelle est ici que la sécrétion interne produit et déverse dans le sang une substance douée d’une action physiologique spéciale qu’elle manifeste sur tel ou tel organe. Parmi les expériences répétées qui ont amené à cette conclusion, il convient de rappeler celles par lesquelles, dès 1856, Brown-Séquard montra que l’extirpation des capsules surrénales est mortelle.

Cette conception nouvelle d’après laquelle les glandes à sécrétion interne produisent des excitants fonctionnels spéciaux, — qu’on appelle maintenant des hormones, — et qui établissent des rapports vitaux entre plusieurs organes, ou qui, autrement dit, créent entre eux des corrélations indépendantes du système nerveux, des corrélations fonctionnelles humorales, cette notion, dis-je, s’est montrée avec ses corollaires d’une fécondité chaque jour grandissante. On n’en saurait encore apercevoir tout l’immense avenir, mais il est dès maintenant certain, comme nous allons le voir, qu’elle est de nature à révolutionner la biologie tout entière.

Avant l’ère des glandes endocrines… Mais il faut d’abord que j’explique ce mot. C’est encore un de ces néologismes si justifiés que les découvertes scientifiques introduisent par force dans la langue et qui sont les plus légitimes de tous, puisqu’ils désignent des choses nouvelles. Le grec est toujours alors d’un grand secours et c’est ainsi que l’antique vient au secours du nouveau et que le classique et le moderne se concilient en collaborant. Les glandes endocrines sont, — tous ceux de mes lecteurs qui n’ont pas oublié