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Dès la fin d’août, l’usure allemande était visible ; en deux mois, les Allemands avaient perdu sur la Somme autant d’hommes qu’en six mois à Verdun et fait passer sur les deux terrains à peu près le même nombre de divisions, 40 sur la Somme, 43 à Verdun. Les pertes des Alliés étaient loin d’être aussi grandes. L’armée française en particulier comptait 28 000 morts et 40 000 évacués. Il y avait donc un intérêt de plus en plus évident à augmenter ce front d’attaque, et à revenir dans la mesure du possible à la conception primitive en l’étendant vers le Sud.

La 10e armée a sa gauche liée à la 6e vers Barleux, et sa droite s’étend vers le Sud à mesure qu’arrivent les disponibilités du front français. Son front forme un angle obtus orienté à gauche Nord-Est Sud-Ouest puis à droite Nord-Sud. C’est surtout par sa gauche qu’agira son chef, le général Micheler, qui doit tout d’abord faire tomber le saillant allemand de Vermandovillers ; il compte atteindre la Somme vers Saint-Christ et doit couvrir ensuite vers le Sud la droite de la 6e armée opérant dans la direction Bapaume-Cambrai.

Chacune des deux armées a 13 divisions ; la 6e qui fait l’effort principal sur la rive droite de la Somme, en a 4 en première ligne sur son front de 8 kilomètres. La 10e en a 9 en première ligne sur un front de 18 kilomètres. Le 3 septembre, après une préparation d’artillerie qui dura cinq jours, la 6e armée enlève toute la première ligne allemande, dans un élan superbe ; vers dix-sept heures, les villages de Fleury et de Forest étaient atteints, ainsi que les tranchées à l’Est de Combles. L’armée anglaise dépassait Guillemont et atteignait la partie Sud de Guinchy. Le 4, l’avance de la 6e armée continua sur la rive droite ; les Britanniques, violemment contre-attaqués, ripostèrent. L’armée Micheler entra vigoureusement en action sur la rive gauche et s’empara de toute la première position allemande, faisant tomber Vermandovillers débordé. Les jours suivants, la progression s’y ralentit. Mais elle continue sur la rive droite, malgré les violentes contre-attaques allemandes. Le 14, Bouchavesnes fut pris par la 6e brigade de chasseurs Messimy, et la rapidité de ce succès surprit l’ennemi, mais ne fut pas exploité. La brèche fut d’ailleurs bouchée le lendemain, avant que les Français eussent eu le temps de l’élargir.

Du 15 au 26, les deux armées progressèrent le long du ravin