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comment finit la guerre.

du général Herr, qui avait à organiser sa défense. Il établit le tracé et l’amorce de trois positions successives, de quatre sur certaines parties de son front, et demanda la main-d’œuvre et les matériaux nécessaires à leur création. Mais les moyens étaient limités pour l’ensemble du front et le général Herr ne put qu’ébaucher sa tâche. Le colonel Driant, député de Nancy, commandait un groupe de bataillons de chasseurs dans la région fortifiée de Verdun. Depuis longtemps inquiet de la situation, il en entretint la Commission de l’armée de la Chambre, dont il faisait partie, et le Président de la Commission signala cette inquiétude au ministre de la Guerre, le général Galliéni, qui demanda des éclaircissements au général Joffre le 16 décembre 1915. Dès le surlendemain, le général Joffre fit connaître les dispositions générales qu’il avait prises sur tout son front, affirma, — un peu rapidement, — qu’elles étaient réalisées à Verdun, et se plaignit que le gouvernement eût accueilli des plaintes ou réclamations de ses subordonnés. Le général Galliéni répondit, au nom du Conseil des Ministres, que le gouvernement gardait toute sa confiance au général en chef et écarta ainsi tout conflit d’autorité.

À la fin de 1915, la construction de voies étroites, l’installation de dépôts de munitions et de nombreuses batteries se révélaient en Champagne en même temps qu’en Lorraine, puis les indices se multiplièrent dans la région de Verdun. Le 20 janvier, le général Joffre y envoya en mission le général de Castelnau, qu’il avait nommé major général des armées françaises après entente avec le gouvernement. Le général de Castelnau insista pour que des moyens d’action plus considérables fussent mis en œuvre dans cette région et l’obtint. À partir du 1er février, les travaux furent poussés très activement grâce à deux divisions territoriales de renfort, mais il était bien tard. En même temps, une armée se rassemblait sur les arrières de la région qui apparaissait comme de plus en plus menacée : la valeur de quatre corps d’armée et une importante artillerie lourde. Mais la menace sur le front de Champagne n’était pas écartée, et il eût été imprudent de fixer ces réserves en les introduisant prématurément sur le front même. Comme on prévoyait que l’unique voie normale de ravitaillement, — Verdun-Sainte-Menehould, — serait coupée en cas d’attaque, la route Verdun-Bar-le-Duc fut chargée à 7 mètres de large pour