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question. Les préoccupations de l’ordre politique commençaient à dominer. La marine, de son côté, s’absorbait dans la tâche ingrate du transport et du ravitaillement de l’armée du Mexique. La guerre de 1870 arriva sur ces entrefaites, et il faut descendre jusqu’à l’époque de l’apparition des sous-marins pour voir réapparaître, — timidement, — la chauffe au pétrole. Heureusement, à peu près à la même époque, naissait l’industrie automobile, appelée à révolutionner les transports terrestres et, par répercussion, les transports maritimes. Les « moteurs à essence, » qui s’imposaient ainsi et qui, eux-mêmes, n’allaient pas tarder à évoluer, à se transformer, à s’alléger singulièrement, reçurent une nouvelle et éclatante consécration par la découverte de l’aviation. L’élan était donné, irrésistible. Si attachée qu’elle fût à ses traditions, la Marine ne pouvait plus se soustraire à une pression si énergique. Les expériences furent reprises dans les toutes dernières années du XIXe siècle au sujet d’une chauffe mixte, où l’huile combustible était projetée, très divisée, sur le foyer incandescent fourni par le combustible solide.

Bien que les constructeurs de chaudières marines (les Niclausse, les Belleville, les d’Allest et autres) se fussent évertués à produire des pulvérisateurs ou brûleurs fort ingénieux, les résultats de ces efforts ne parurent pas convaincants, et, en définitive, la Marine française abandonna à la Marine britannique la tâche de perfectionner sur les grands bâtiments le chauffage mixte jusqu’à pleine satisfaction.

Elle ne se refusa pas, cependant, à entreprendre la construction d’appareils évaporatoires chauffant exclusivement au pétrole (mazout de forte densité : de 0,905 à 0,920), et au moment où la Grande Guerre éclata, nous avions des bâtiments légers munis de chaudières des types Du Temple et Du Temple-Guyot où le kilogramme de mazout produisait plus de 13 kilogrammes de vapeur. Quant au moteur à combustion interne, le moteur qui utilise directement dans le cylindre la pression des gaz produits par le liquide enflammé et supprime ainsi l’encombrante chaudière, on le réservait décidément aux seuls navires de plongée.


Jusqu’à la Grande Guerre, l’opinion française se préoccupa