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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Nous assistons depuis une quinzaine de jours à une sorte de crise générale, qui pourrait être nommée la crise des traités de paix. Le seul qui soit en vigueur, celui de Versailles, est remis partiellement en cause ; celui qui concerne la Hongrie n’est pas signé ; celui qu’attend la Turquie n’est pas rédigé ; l’accord relatif à l’Adriatique est encore à l’étude ; le vote du Sénat américain est toujours ajourné, et cependant le président Wilson, après un long silence, rentre soudain en scène. Les gouvernements alliés qui se sont réunis à Londres ont été placés en présence de difficultés qui se sont développées progressivement et qui représentent la somme de toutes celles qui étaient en préparation depuis plusieurs mois. Ils s’étaient rassemblés pour mettre un peu d’ordre dans leurs résolutions et pour définir, semble-t-il, une politique occidentale qui aurait uni l’Angleterre, la Belgique, la France et l’Italie, de manière à faciliter la solution des affaires pendantes. Mais soudain, l’intervention subite du président Wilson a quelque peu changé la face des problèmes : elle a soulevé de nouveau la question des rapports de la politique européenne et de la politique américaine. Telle est la situation compliquée qui se présente aux approches du printemps de 1920, et tandis que les Alliés délibèrent encore à Londres.


Le président Wilson, bien qu’il ait rédigé une note qui a pour unique sujet les affaires de l’Adriatique, a pris une initiative qui agira nécessairement sur l’ensemble des conversations de Londres. Les États-Unis en effet semblaient depuis plusieurs mois absents de la paix. Les Alliés après avoir élaboré les traités sous l’influence du président Wilson se trouvaient obligés de les appliquer sans lui, et d’étudier provisoirement les problèmes les plus urgents. Mais du