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recherches, — si importantes, comme nous allons voir, et si difficiles, — sur les mouvements propres des nébuleuses spirales. C’est un des plus beaux monuments élevés ces dernières années par l’observatoire de Paris, un de ceux qui montrent le mieux combien sont injustifiées les préventions de ceux qui prétendent que le ciel de Paris ne se prête pas aux bonnes observations astronomiques. En réalité, si le travail n’est pas toujours aussi efficace qu’il pourrait l’être dans notre grand Observatoire, les causes en sont purement humaines et bureaucratiques et n’ont nullement leur siège dans l’atmosphère. Mais ceci est un autre sujet qui touche à l’avenir même, aujourd’hui en péril, d’une des branches les plus importantes de la science française. J’en reparlerai prochainement.

Pour en revenir aux nébuleuses spirales, on en a découvert ces dernières années un nombre si considérable qu’elles constituent à l’heure actuelle, après les étoiles elles-mêmes, la catégorie d’astre répandue avec le plus de profusion dans l’univers. En particulier, les clichés obtenus dans les observatoires américains grâce aux instruments puissants et aux intelligentes méthodes de travail dont on y dispose, ont décelé et décèlent chaque jour par milliers de nouvelles nébuleuses spirales.

M. Curtis de l’observatoire Lick (Californie), qui s’est fait une belle spécialité de ces problèmes, qu’il a contribué à élucider par ses recherches, estime qu’à l’heure actuelle le nombre des nébuleuses spirales observables avec les instruments dont on dispose est voisin d’un million.

Qu’est-ce donc que ces astres singuliers et si abondamment semés dans l’espace ?

Eh ! bien, — et c’est ici que l’imagination peut justement s’effarer, — il semble de plus en plus démontré, que chacune de ces nébuleuses spirales est en réalité un univers stellaire complet et analogue à notre voie lactée. Il est d’ailleurs maintenant bien établi que celle-ci a la forme d’un double courant d’étoiles disposé en spirales et dont les dimensions équivalent à huit ou dix mille années de lumière.

L’analogie entre la forme spiraloïde de la Voie lactée et celle des nébuleuses spirales serait évidemment loin d’être suffisante pour assimiler celles-ci et celle-là. Cette assimilation aujourd’hui légitimée et admise par la plupart des astronomes est le fruit de diverses recherches récentes utilisant les méthodes les plus subtiles de l’analyse astrophysique et dont les résultats que je vais sommairement