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coup, apporte un chaînon nouveau au lien éternel, conçu par les poètes et les philosophes, mais tressé par les savants, qui apparente et fait communier dans la même harmonie l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Lorsque Sir William Herschel commença le siècle passé à résoudre en étoiles un grand nombre de nébuleuses, il pensa d’abord que toutes celles-ci devaient être finalement résolubles. Puis, une observation plus subtile des phénomènes l’amena à cette conclusion qu’à côté de ces amoncellements d’étoiles, il devait réellement exister dans l’espace céleste des nébulosités formées par un fluide brillant et continu et non résolubles en étoiles. Puis sous l’influence de son fils John Herschel et de lord Rosse, on crut ensuite à nouveau que toutes les nébuleuses étaient résolubles en étoiles. On devait revenir peu après à l’idée de la dualité des nébuleuses si merveilleusement et si intuitivement entrevue par William Herschel.

C’est le spectroscope qui fournit à cet égard des données décisives, et d’abord entre les mains du grand astrophysicien anglais Huggins. Le spectroscope montra qu’un certain nombre de nébuleuses sont caractérisées par un spectre discontinu, strié de raies brillantes et caractéristiques des gaz, parmi lesquels on identifie l’hydrogène et un autre gaz encore inconnu sur la terre et qu’on a appelé le nébulium. À côté de ces nébuleuses nettement gazeuses, le spectroscope indiqua qu’un très grand nombre d’autres avaient un spectre continu analogue à celui des étoiles et pouvaient par conséquent être des agglomérations d’étoiles extrêmement serrées en apparence par l’effet d’une très grande distance.

Parmi les nébuleuses qui ont ainsi un spectre continu et non gazeux se trouvent une classe d’astres qu’on croyait naguère n’exister qu’en petites quantités et dont on connaît aujourd’hui un nombre énorme. Je veux parler des nébuleuses spirales.

Les nébuleuses spirales sont de petites taches vaporeuses qu’on peut observer ou photographier en divers points du ciel et qui, formées par deux spires enroulées, sont posées, comme de légers escargots d’argent, dans le Jardin des Étoiles. Le beau catalogue de nébuleuses de M. Bigourdan, fruit de longues années de patient, minutieux et judicieux labeur, contient la description et les positions rigoureuses d’un grand nombre de ces astres.

Ce catalogue servira certainement de bases dans l’avenir aux