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Enfin on a découvert, par des méthodes spectroscopiques dont j’ai déjà parlé, que l’amas d’Hercule dans son ensemble se meut à la vitesse considérable de trois cents kilomètres par seconde. Cette volée de grains de plombs gigantesques, chassés dans le vide sidéral par le fusil de la gravitation, représente donc au point de vue balistique une force vive, difficile à concevoir, si on veut se souvenir que la masse de l’amas entier est sans doute supérieure à celle de cent mille soleils.

L’étude que nous venons de faire de l’amas Messier 13 a été étendue à tous les autres amas globulaires connus, notamment par M. Shapley. La conclusion de toutes ces recherches est que le plus proche de ces amas (qui est aussi le plus brillant), l’amas du Centaure, est à une distance de nous égale à 6 500 parsecs (je rappelle que 1 parsec équivaut à 3 ans et 3 mois de lumière et correspond à une parallaxe d’une seconde d’arc). Le plus éloigné, qui porte le nom de N. G. C. 7 006 (la terminologie astronomique est parfois un peu singulière) est à une distance de 67 000 parsecs, c’est-à-dire qu’il faut à la lumière 217 000 ans (deux mille cent soixante-dix siècles !) pour nous en arriver. Le centre de l’agglomération formée par ces amas est à environ 20 000 parsecs de nous, et nous nous trouvons sur les confins de cette agglomération ce qui explique que nous ne les voyons que d’un côté du ciel.

Tout récemment M. Shapley a étendu ces études des amas globulaires aux amas ouverts, et en employant des méthodes similaires. Les distances trouvées pour ces objets célestes sont comprises entre 80 parsecs pour les Pléiades et 18 000 parsecs pour un autre amas. La moyenne des distances de ces objets est de 6 000 parsecs et le centre de leur agglomération et à quelque 3 000 parsecs du soleil sur la longitude galactique 270°. M. Shapley pense que les amas ouverts sont les résidus d’amas globulaires qui se sont disloqués et en quelque sorte disséminés en éventail, comme fait dans l’air, — et pour reprendre ma comparaison, — un chapelet de plomb de chasse.

Il convient également de signaler dans cet ordre d’idées les très curieuses et suggestives recherches faites récemment par l’astronome suédois H. von Zeipel, dans le dessein de rechercher si on ne pourrait pas appliquer dans l’infiniment grand, aux étoiles des amas globulaires, les lois statistiques de la théorie cinétique des gaz qu’on applique, dans l’infiniment petit, aux molécules gazeuses. Ces belles recherches paraissent démontrer que les mêmes lois s’appliquent aux uns et aux autres, ce qui, d’une part, ouvre des horizons pleins de promesses à la dynamique stellaire tout entière, et ce qui, du même