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lation d’Hercule par exemple. Cet amas porte aussi le nom de Messier 13, c’est-à-dire qu’il est le treizième sur la liste, des amas dressée par Messier. C’est un objet d’une merveilleuse et impressionnante beauté, un essaim silencieux et pressé d’abeilles célestes dont chaque atome est un gigantesque soleil. J’ai eu, — il y a de longues années, — l’occasion de faire une photographie à longue pose de cet amas au moyen du merveilleux réflecteur de 1 mètre d’ouverture de l’Observatoire de Meudon. On ne saurait, — quand on ne l’a pas éprouvée, — imaginer l’impression à la fois esthétique et émouvante que peut produire l’image de ces myriades de soleils concentrée et saisie sur un centimètre carré de gélatine.

Le grand télescope de 60 pouces de l’observatoire américain de Mount Wilson se prête encore mieux que celui de Meudon à l’examen de cette fourmilière d’étoiles grâce à sa grande distance focale (qui est de 25 pieds et peut être porté à quatre-vingts pieds) qui sépare mieux les images stellaires du centre de l’amas. Sur une photographie de Messier 13, prise avec ce télescope unique, on compte déjà, après une pose de deux minutes seulement, les images de plus de mille étoiles. En portant à onze heures la durée de la pose on obtient une image de l’amas sur laquelle le professeur Ritchey a pu compter plus de 30 000 images d’étoiles plus brillantes que la vingt-et-unième grandeur.

J’ai déjà expliqué naguère ici même comment on arrive, dans les observatoires, à obtenir les clichés stellaires avec des poses aussi longues sans nuire à la netteté des images, en dépit du mouvement diurne et des déplacements accidentels, causés par l’atmosphère, des images stellaires. Je me borne à rappeler d’un mot qu’en outre du mouvement d’horlogerie qui fait suivre automatiquement à la lunette photographique le mouvement diurne des étoiles, il y a une deuxième lunette, visuelle, celle-ci, solidaire de la première et dans laquelle un observateur maintient attentivement, sous la croisée de fils d’un réticule, l’image d’une étoile quelconque voisine de l’objet photographié. Grâce à des manivelles délicates, cet observateur corrige ainsi à chaque instant les irrégularités du mouvement d’horlogerie et de la réfraction atmosphérique, et on est sûr dans ces conditions que les mêmes étoiles restent exactement en face des mêmes endroits de la plaque photographique. C’est un petit travail assez fatigant lorsqu’il dure des heures ; mais que ne ferait-on pas pour conquérir, emmagasiner et pouvoir emporter jalousement un petit coin du ciel ?