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sur « la Guerre et la Paix, » on rit beaucoup en Allemagne, et j’ai gardé dans mes petites archives, les commentaires des journaux répétant à qui mieux mieux : « On le croirait assuré de la victoire, M. Hanotaux !... » Parfaitement ; nous savions que l’Allemagne, dès lors, était battue et je l’affirmai dès novembre 1916 en ces termes sans ambiguïté : « Je le dis parce que je le sais ! » C’était l’époque où l’empereur Guillaume faisait ses premières démarches auprès du président Wilson. Nous savions que le monde allait se lever contre l’ennemi du monde. Et il en est arrivé ainsi que nous l’avions prévu et prédit. On ferait bien de ne plus rire si lourdement de la vérité, même pénible, en Allemagne.

A ce point de vue encore, les élections d’hier sont un avertissement : elles sont d’une portée mondiale, comme on dit. C’est encore un de leurs traits frappants ; elles se sont produites, — ce qui est tout à fait exceptionnel, — avec un programme extérieur parfaitement clair, de même que les élections anglaises, elles ont été à la fois sages et nationales. Encore est-il juste de faire observer que Lloyd George, en parfait technicien, avait choisi son heure au lendemain de la victoire et avant les premières déceptions de la paix La France au contraire, en pleine crise et en pleine obscurité, voyant se lever devant elle un brouillard d’inquiétude opaque, n’en a pas moins voté de telle façon qu’il n’y a pas un peuple au monde qui n’envie sa sagesse et son union. Sagesse et union qui se résolvent en force pour l’application du traité. La nouvelle Chambre a conscience de ce premier et de ce plus haut de ces devoirs, d’un de ces devoirs qui, parce qu’ils sont essentiels, consolident à leur tour l’union qui fait la force.


Il semble bien que l’Allemagne, malgré ce qu’il y a de clair dans ces avertissements, ait eu, il y a quelques jours, une certaine tentation de se dérober, ou du moins de tirer parti du retard que la discussion devant le Sénat américain a fait subir à la ratification définitive du traité.

Mais, d’ores et déjà, elle est avertie de son erreur. M. Franck Polk l’a déclaré au ministre allemand von Lersner, et cette déclaration doit être mise en vedette comme le pivot de toute la politique internationale, quoi qu’il arrive : « De toutes les erreurs que l’Allemagne a commises, il n’y en aurait pas de