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encore, sous les pluies et les froids précoces, que les effets d’été endossés à Salonique, lasses enfin des 600 kilomètres de poursuite, semblent incapables d’un nouvel effort. Pourtant il faut encore devancer cette armée allemande sur la route de son repli. Tandis que les Serbes traversent le Danube, se rendent maîtres du chemin de fer de Verchets à Temichvar, expulsent les Magyars du Banat, un groupement français (30e et 76e divisions, 16e division coloniale, une division britannique) se concentre en Bulgarie sur les rives du fleuve-frontière. Le 9 novembre commence le passage ; le 11, trois têtes de pont sont lancées, la jonction est obtenue avec l’armée roumaine qui derechef déclare la guerre. Les trois divisions de l’ « Armée du Danube » donnent la chasse aux 15 ou 15 divisions allemandes. En face de Mackensen qui, au bruit de l’armistice, lance des télégrammes affolés, clamant à Berlin son inquiétude sur sa retraite compromise, une vibrante proclamation du général Berthelot, envolée de nos postes de T. S. F., appelle les Roumains à nouveau aux armes : la persévérance, la patience roumaines, qui depuis six mois, n’ont jamais désespéré de la France, vont affranchir leurs frères, créer la Grande Roumanie : un autre peuple sauvé.

Le 13, à Belgrade, le voïvode Mirhitch, chef d’Etat-Major de l’armée serbe, le général Henrys, commandant l’armée française, signaient avec le représentant du gouvernement hongrois le troisième armistice imposé par les Armées Alliées dans une campagne de deux mois : des garanties militaires sont prises, les troupes magyares sont désarmées, les terres irrédimées rendues libres. Aux côtés de l’armée serbe, qui, désormais, va monter la garde aux nouvelles frontières de la patrie unifiée, l’« Armée de Hongrie, » trois divisions de l’armée française libératrice, viennent témoigner, sur le Danube, de la dernière geste due aux Francs.


JACQUES ANCEL.