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colonnes françaises progressent sur Prizrend, sur Prichtina (où elles sont le 10 octobre), Mitrovitza (le 12), Novipazar (le 14), rejettent en Albanie les flanc-gardes impériales ; à l’extrême-gauche la 57e division est entrée à Béral et à Elbassan (8 octobre), puis laisse aux forces italiennes le soin de suivre les Autrichiens qui évacuent l’Albanie. A l’aile droite, la IIe armée serbe, en sentinelle à la frontière bulgare, attend la relève des Alliés pour glisser à gauche du dispositif, courir vers la Bosnie au secours de ses frères slaves. La cavalerie française, avant-garde de la 17e division coloniale, a quitté la route de la Morava pour gagner à toute allure le chemin de fer Sofia-Nich, couper la retraite aux éléments allemands qui, restant en Bulgarie en dépit de l’armistice, tentent de maintenir, par la ligne Belgrade-Sofia-Constantinople, la liaison de la Turquie et des empires du Centre ; le 14, à Pirot, elle atteint la voie ferrée : la Turquie, isolée, va à son tour demander grâce.

Nos cavaliers d’Afrique ne soufflent pas encore : par dessus les escarpements calcaires qui bornent de 1 300 mètres la dépression de 300 qui s’allonge de Pirot à Nich, par dessus les canons étroits de la haute vallée du Timok, ils sautent le 16 dans le bassin de Kniajevats (300 mètres), le 19 dans celui de Zaietchar, et, enjambant les dernières gorges, tombent le 23 Sur Négotin. Dès le 19, les régiments de la 76e division se sont installés à Lom Palanka, à Vidin, ont capturé un monitor autrichien, poussé des patrouilles sur la rive droite, cueilli des Allemands de Mackensen. 34 jours après l’assaut donné sur la frontière serbe, ayant franchi 500 kilomètres, les Français sont sur le Danube.

Le 30 octobre, la 122e division française paraissant sur la Maritza, le gouvernement turc désarme. Le 31, l’armée serbe, à Semendria, parvient à son tour aux rives du Danube. Le 3 novembre, les Autrichiens signent l’armistice sur le front alpestre. Le 4, les Hongrois, qui voient luire à leur frontière les baïonnettes alliées, expédient des parlementaires à Belgrade pour implorer la paix séparée.

La coalition dissipée, Mackensen reste seul : ses 150 000 hommes tiennent encore les terres roumaines. Les trois divisions de la Ire armée serbe, nos trois divisions françaises, après un mois de combats, de privations, de fatigues, sans l’artillerie lourde qui ne rejoint plus, ne conservant