Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/917

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les deux armées serbes : à Gradsko qui tombe, elles recueillent des chargements entiers de farine, de sel, d’essence, trois trains complets, quelque cent voitures, 40 locomotives, 19 canons dont 13 lourds. L’armée bulgaro-allemande est frappée au cœur (24 septembre).

Dès lors se décollent les ailes du dispositif ennemi qui avaient jusqu’à ce jour oppose à notre pression une tenace résistance. A l’Est, dans la trouée du Vardar, s’appuyant au lac de Doïran, qui sert de pivot à sa conversion, la Ire armée bulgare s’attache aux collines du Vardar, aux pentes et à l’arête du Belès, puis, par le défilé de Kostourino, porte de la vallée de la Stroumitza, de la Bulgarie du Sud, s’écoule, talonnée par l’impatience du groupement franco-hellénique, par l’ordre immuable de l’armée britannique, dont la cavalerie entre le 26 à Stroumitza. A l’Ouest, dans la trouée de Monastir, pivotant autour du lac de Prespa, après avoir défendu jusqu’à la dernière minute et Monastir qu’elle détruit et Okhrida, la ville sainte de l’impérialisme bulgare, la XIe armée allemande n’arrive point à se décrocher.

Dans ce troisième acte de la bataille, l’armée française a son rôle : il s’agit de fermer successivement les défilés à l’ennemi qui tente de gagner le Nord, de le pousser dans les culs-de-sac des hautes vallées d’Albanie. Le 23, la cavalerie française, spahis marocains et chasseurs d’Afrique, entre dans Prilep et continue la moisson : 11 trains de grains, de munitions, de matériel. De ce carrefour, les colonnes s’avancent sur les chaussées divergentes, fondrières plutôt, que la poussière de quatre mois secs, les convois ou les destructions ennemies ont rendues presque impraticables : par la route de la Babouna la brigade de cavalerie accourt sur Vélès, la contourne par la haute montagne boisée de la rive droite du Vardar, et, malgré la résistance des renforts allemands, fait sa jonction avec la Ire armée serbe. Celle-ci, culbutant les défenses du Sud, emporte la ville le 27 septembre. Le 26, le corps expéditionnaire italien s’est emparé de Krouchevo, coupant aux pieds mêmes de la muraille albanaise un autre chemin venant de Prilep. Le 27, la gauche française atteint Resna, nœud de routes d’entre les Lacs. Le 28, par les deux étroits couloirs qui de Prilep et de Monastir convergent à Kitchevo, la droite et le centre français qui se rejoignent, parvenant