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crêtes. Les meilleurs régiments bulgares, ceux qui comptent peu de déserteurs, un bataillon de chasseurs allemands sont accourus à la rescousse ; les pistes sont rares, les forêts épaisses, les contreforts coupés de ravins. Cependant les hauteurs tombent : le Koziak, le Koutchkov-Kamen sous les coups des Yougo-Slaves, le Topolets emporté par les Serbes du Timok. La brèche s’élargit à gauche et à droite : à l’Ouest, par-dessus les dalles et blocs granitiques, les Serbes de la Morava, de la Drina, du Danube, les coloniaux de la 11e D. I. C., atteignent le gouffre de la Tcherna ; à l’Est, la 16e D. l. C., aidée d’une division grecque, enlève les défenses avancées de la Dzéna, dont le talus oriental tient la vallée du Vardar. Sur 23 kilomètres de large, sur une profondeur de 15, le front bulgare est emporté (18 septembre).’

La brèche ouverte, il faut gagner l’ennemi de vitesse, il faut courir au Vardar. Tandis qu’à droite l’armée britannique, renforcée de divisions grecques, d’un régiment de zouaves, accroche, devant Doïran et au Nord du lac, la Ire armée bulgare, retient devant elle toutes les réserves ennemies, qu’à gauche les fantassins de la Ire armée serbe, portant eux-mêmes leurs bagages, soulevant leurs armes au-dessus des eaux, hissant leurs canons sur les précipices, établissent des têtes de pont au delà de la Tcherna, au centre, éclairée par sa cavalerie, dédaignant ses convois enlizés sur les vestiges effondrés des pistes, s’enfonçant elle-même, piétinant dans une bourbe de poussière, grignotant quelques tomates, quelques oignons, quelques piments, insoucieuse du butin qu’amoncelle la débandade bulgare, délaissant les dépôts et les villages qui brûlent, couvrant en 5 jours de marches forcées 50 kilomètres de montagnes, la 2e armée serbe s’est élancée vers le Nord.

Le 20, elle atteint la plaine du Tikvech. Le 21, elle tient Kivadar sur la route Prilep Negotin, elle s’empare du pont de Vozartzi sur la Tcherna et du Decauville Gradsko-Priîep, principale communication de l’armée ennemie de l’Ouest. Le même jour, bousculant la résistance de renforts allemands sur les collines du Dratchjvichko berdo, elle parvient au fleuve, occupe Demir-Kapou et la voie ferrée du Vardar, arrête le ravitaillement de l’armée ennemie de l’Est. Le 22, la cavalerie apparaît en vue de Gradsko, nœud <les deux routes, gare centrale, agglomération de hangars, de magasins, d’hôpitaux. Le 23 et le 24, le fossé Tcherna-Vardar est franchi conjointement