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abris creusés à contre-pente en plein roc rendent tout pilonnage impossible, les précipices que taillent les rivières défient les tirs les plus courbes, les observatoires du Sokol, du Vetrenik dominent nos positions de départ, la plupart des chemins d’accès. Sur les 30 kilomètres du front choisi pour l’attaque, les Bulgares alignent 11 600 fusils, 245 mitrailleuses, 24 aéroplanes, 546 canons.

La dislocation de ces forces exige des Alliés sur ce point la supériorité numérique : pour l’exploitation du succès prévu comme pour l’assaut et la rupture, on concentre dans le secteur 36 000 fusils, 2 000 fusils-mitrailleurs, 81 avions, 580 canons, y compris l’artillerie de tranchée. Il faut, pour renforcer les batteries du secteur, hisser à plus de 1 000 mètres environ 80 pièces lourdes (105, 120, 150, 155), amonceler munitions et vivres pour les 8 divisions qui entameront la courtine, démoliront les bastions, feront irruption dans la citadelle, descendront sur le glacis pour courir droit au Vardar. Les routes supportaient à peine le passage des convois de quatre divisions : il faut en raffermir les chaussées actuelles, en ébaucher d’autres en hâte, doubler le rendement du chemin de fer de 0.60 qui relie les premières lignes aux arrières serbes de Vertekop, même établir des cartes nouvelles pour la zone inconnue que les artilleurs doivent battre, que les fantassins doivent, et au pas de course, franchir.

Tandis que toute l’armée serbe (6 divisions), accompagnée de deux divisions françaises, la 122e la 17e coloniale, appuyée de 40 batteries lourdes, s’assemble à la frontière pour l’assaut du rempart qui la sépare de la patrie, sont massées à droite et à gauche, devant les portes du Vardar et de la plaine de Monastir, les groupements qui élargiront la brèche, puis exploiteront le succès : devant la Dzéna, château-fort à près de 2 000 mètres, dont l’escarpement sombre domine de plus de 1 400 les derniers vergers de Karadjova, dont le glacis s’abaisse en mamelons granitiques sur la vallée du Vardar, le groupement franco-hellénique (la 16e division coloniale et 2 divisions grecques, soutenues de 10 batteries lourdes) ; de part et d’autre du fleuve et des collines de Doïran, que l’épaisseur des réseaux, l’échelonnement des tranchées, la densité des barrages défendent à la façon des secteurs de France, l’armée britannique presque entière (4 divisions et une brigade), assistée de 3 divisions grecques, de 22 batteries et d’un train blindé, accrochera la