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jusqu’au confluent de Vardar et de la Tcherna, au croisement des deux lignes de communication de l’armée bulgare, la voie ferrée et les routes qui mènent à Guevgueli par la vallée du Vardar. et, par les vallées de la basse Tcherna et du Raiets, les routes, le transporteur, la voie étroite qui relient Gradsko à Prilep et au front de Monastir.

Pour atteindre ces lignes vitales, pour scinder en deux l’armée ennemie, il faut d’abord franchir cette rébarbative barrière. Ce fut sur l’obstacle même qu’on résolut de foncer. La logique contraignait l’ennemi à entasser en profondeur les défenses artificielles, à préparer la riposte, la contre-attaque, l’afflux des réserves dans les trouées naturelles, derrière Monastir et sur le Vardar. La percée ne pouvait se faire que là où, se confiant aux géants de la frontière, il ne s’imaginait point qu’elle put se faire jamais.

L’ennemi dispose sur le front de Macédoine d’une force encore imposante. Au total, 1 103 compagnies (277 bataillons) : un peu plus de fusils que les Alliés (181 000 contre 177 000), un nombre de mitrailleuses presque égal au leur (2 530 contre 2 680), une aviation assez faible (80 aéroplanes contre 200 environ), une artillerie qui parait moindre à juger le chiffre des pièces (1 850 canons contre 2 060), mais par le calibre nettement supérieure. Si l’on excepte la IIe armée qui défend le secteur passif de la Strouma, toutes les troupes sont aux ordres du général allemand von Scholtz, la Ire armée bulgare qui couvre la vallée du Vardar, et, du cœur même de la zone d’attaque aux massifs de l’Albanie, tenant la plaine de Monastir, la XIe armée allemande : celle-ci, formée surtout de fantassins bulgares (mais groupés en 2 corps d’armée sous commandement allemand), comprend des troupes d’élite allemandes (2 bataillons de chasseurs en ligne ou réserve immédiate, plus tard 5 autres bataillons venant de Roumanie et d’Oukraine), une vingtaine de détachements allemands de mitrailleuses de montagne, une forte proportion d’artillerie allemande (150 pièces de montagne et de campagne, 200 canons lourds et mortiers de tranchée). Ces doux armées, il faut d’abord les séparer l’une de l’autre, en rompant en son plein centre la ligne de défense ennemie.

Ce front, stable depuis la fin de 1916, les Bulgares l’ont fortifié ; si, en plaine surtout, ils ont multiplié tranchées et batteries, ils n’ont point négligé les positions de la montagne ; les