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durant l’hiver, enfin une nouvelle chaussée littorale qui, se détachant de la précédente à Guida, s’avança vers Ekaterini au-devant de la Grèce centrale. On laissa à l’armée grecque le soin de compléter ce réseau en perçant les montagnes du Sud, refuge des bandes royalistes, par les routes Kozani-Larissa, Lapsista-Grevena-Kalabaka, Kalabaka-Larissa, Ekalerini-Elassona.

Au total, l’armée française laisse sur le sol de la Macédoine 900 kilomètres de routes neuves, son œuvre propre, 300 autres kilomètres de routes anciennes entretenues, sans compter les 400 kilomètres construits par l’armée anglaise dans le secteur oriental. Mais le climat excessif peut vite effacer ces traces, si fécond qu’ait été l’effort. Pour peu cependant que les maîtres de ces terres veuillent entretenir ces travaux, c’est la Macédoine, hier encore champ de bataille des nationalités balkaniques, devenant demain le champ de pacifiques échanges, où les rivaux de l’Occident importeront les produits de leurs fabriques, les marques de leur civilisation.


La France, qui, plus qu’une autre, a besoin de créer et de vendre, doit rester l’initiatrice. Le commerce suit le drapeau. Dès 1916, quand notre occupation parut stable, quelques chefs, quelques ouvriers ont pensé à l’avenir. Bien que la guerre accaparât les énergies pour de plus pressantes besognes, ils songèrent à préparer les voies au commerce qui réapparaîtrait à la paix, à informer les maisons françaises des débouchés macédoniens. Ce fut un office des renseignements et un bureau des commandes futures que fondèrent, le 1er août 1916, sous le nom de Bureau commercial des importations françaises, le général en chef et ses collaborateurs dans cette tâche : l’intendant Bonnier et un jeune industriel lyonnais, alors officier de réserve, qui joignait à l’expérience des affaires la culture organisatrice d’un ancien élève de l’École normale. Le lieutenant Laurent Vibert fut, durant plus de deux années, l’âme du Bureau commercial : il ouvrit pour les marchands de Salonique une salle d’échantillons et de catalogues, mis à sa disposition par les fabricants de France ; il enregistra pour ceux-ci dans un répertoire de 1 700 fiches les firmes saloniciennes, publia un bulletin mensuel, qui instruisait les chambres de commerce de