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travailleurs, arrivent les corvées italiennes, qui s’étaient chargées d’équiper la route de Liaskoviki à la mer (122 kilomètres) : une mission militaire française y a effectué les reconnaissances dès février 1917. C’est la ligne de communication idéale, raccordée aux huit heures de mer de Santi-Quaranta à Brindisi. L’armée italienne occupe l’Albanie du Sud et, le 21 août, au Nord d’Ersek, elle effectue sa liaison avec notre extrême-gauche. Nous renonçâmes à cette voie.

Nous nous rejetons alors (août 1917) sur la route d’Itea, plus longue, mais qui raccourcissait pourtant la traversée maritime (un jour de mer à lo nœuds de Tarente à Itea, au lieu de cinq jours de Marseille à Salonique). La Grèce de Vénizélos nous offre son chemin de fer d’Athènes, dont le tronçon Ekaterini-Salonique vient seulement d’être achevé ; de Bralo, sur les plaines béotiennes, une piste contournant le Parnasse grimpe dans les grès dénudés, puis sur un col de 1 000 mètres, enfoui dans les sapinières, enfin gagne dans les olivettes, après 60 kilomètres, la large rade d’Itea : l’armée anglaise sur un versant, l’armée française sur l’autre, firent de ce chemin antique une route large de 6 mètres, apte à recevoir les courants du rapatriement et des renforts.

En deux ans, nos soldats avaient manié la pelle autant et plus que le fusil ; des grand’routes reliaient Salonique aux centres de ravitaillement. Aux obstacles dressés par la nature, s’étaient jointes, pour entraver le labeur, les difficultés techniques, politiques et militaires ; ce n’avait pas été sans résistance qu’on avait pu obtenir de la Grèce royaliste les hommes, les bœufs de trait et les chars qui portaient la pierre des montagnes aux chantiers des plaines inondées. En décembre 1917, le général Guillaumat paraît : sa méthode élabore un nouveau programme ; son plan des liaisons exige des communications plus rapides, plus faciles, plus nombreuses. Une carte routière est dressée : c’est là le point de départ, hommage à l’œuvre passée, mais aussi vision des lacunes qui détermine la besogne, Un service routier autonome prend place parmi les autres administrations de l’arrière et est dolé de puissants moyens : 13 000 travailleurs militaires, 12 000 ouvriers civils, 250 camions, 750 arabas, 500 chars à bœufs, 80 cylindres à vapeur ou à essence, 8 perforatrices, 7 concasseurs, 400 wagonnets, 40 kilomètres de voie de 0.60. Songeons qu’un kilomètre de