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de celles d’Orchovo (5 km. Sud de Banitza) on tira plus de 400 tonnes par jour. Un service forestier arpentait la Macédoine orientale et même le Nord de la Vieille Grèce, entassait les coupes dans la Chalcidique, principalement dans l’Athos : les réserves de bois de construction, de chauffage, allaient permettre aux relèves de mieux endurer, l’hiver 1918-19, ce climat excessif dont les premiers pionniers avaient subi toutes les rigueurs.


Dans un pays qui pouvait promettre, mais qui n’offrait encore que d’insuffisantes ressources, presque toute la vie de cette armée de 300 000 hommes était liée à sa base. Le front s’était stabilisé dès la première année le long de la Strouma et dans la zone du Vardar ; dans la région de la Tcherna et de Monastir, il resta près de deux ans immuable (décembre 1916 — septembre 1918) ; à l’Ouest, dans l’Albanie koritzéenne et okhridienne, où la ligne de tranchées ne fut jamais continue, il fut repoussé vers l’Ouest et le Nord en deux élans (septembre 1917-juillet 1918). Or, à chaque étape, et pour la reliera la précédente, la route faisait défaut.

Nous savons quelles difficultés durent vaincre les premières brigades qui débarquèrent à l’automne 1915. La carte ne dessinait que quelques voies carrossables de Salonique à Monastir, de Prilep à Kozani, mais sur les trois quarts de leur parcours, dans les plaines marécageuses, et pendant six mois au moins, ce n’étaient que fondrières, où les convois ne passaient plus. L’outillage et le temps manquaient pour empierrer les pistes, pour rendre praticables aux automobiles les mauvais chemins existants : ainsi, faute de moyens et de semaines, au moment de la retraite serbe, dut-on renoncer même aux travaux de première urgence, et nos divisions avancées dans la pointe Tcherna-Vardar ne purent utiliser la route informe qui, de Negotin par Kavadar et Vozartzi vers Prilep, eût facilité le repli. Nos troupes n’eurent, pour rentrer à Salonique, que la voie du chemin de fer du Vardar, ou bien sur la montagne les sentiers de chèvres encore secs, dans les fonds le lit encore guéable des torrents.

Dès que le général Sarrail eut établi le dessin du camp retranché de Salonique, la nécessité imposa de suite la construction