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d’altitude. Toutes les villes, gîtes d’étapes, furent dotées d’un service des eaux. Après deux ans (1916-1918), l’armée d’Orienta laissé sur le sol macédonien l’empreinte de son activité bienfaisante : 600 sources ont été aménagées par elle, 240 puits ont été forés ; 4 000 abreuvoirs ou lavoirs utilisés par les troupes passent en héritage aux indigènes ; 1 000 réservoirs restent en place, dont quelques-uns de 5 à 6000 litres, et pas moins de 220 kilomètres de tuyaux.

Tout labeur qui assure à l’armée son bien-être n’est point perdu pour le pays. La chaux dont on enduit les murs de torchis rougeâtre ou de granit noir étale un uniforme sur les masures bigarrées des hautes vallées ou des plaines. Le pittoresque y perd ; mais les villages sont assainis. Des baraquements hygiéniques sont construits de côté et d’autre. Inquiet des difficultés de l’approvisionnement dues à la guerre sous-marine et à la distance qui s’accroît, préoccupé du repos de ses soldats qui ne trouvent aucun des conforts qu’offrent à l’arrière les villages de France, désireux de leur fournir au moins un logement salubre, à l’écart en été des plaines paludéennes, garanti en hiver des neiges et des vents, le général Guillaumat crée le 24 février 1918 le service industriel des Armées Alliées d’Orient, qui vise, dit la note originelle, à « coordonner tous les efforts actuellement accomplis, créer de nouvelles organisations, et, partons les moyens possibles, produire, pour diminuer les apports de l’arrière et les demandes à la métropole. » Au lieu des bivouacs, dont la tente basse ne prémunit ni contre le soleil torride, ni contre neiges hivernales, ni contre l’acre vent du Vardar, les ateliers d’armée construisent des cantonnements de briques et surtout des baraques légères, dont les bois sont hissés aux premières hauteurs dans les vallées protégées. Chaque semaine du printemps et de l’été 1918, ils livrent 320 mètres de planches pour baraquements, soit les matériaux du logement de 1 200 hommes, 175 000 briques, plus de 7 000 tuiles pour l’avant ; en même temps, dans la zone des étapes on cuit par mois 800 000 briques. Les nouveaux fours brûlent par semaine la pierre de 50 tonnes de chaux. Des explorations minutieuses amènent la découverte d’une demi-douzaine de mines de lignite dont, en juillet 1918, on put extraire plus de 2 000 tonnes : celles de Mboria aux portes de Koritza produisaient journellement de 10 à 20 tonnes,