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la Macédoine ; elle a eu autre chose à faire qu’à organiser des exploitations. En 1917-1918, sous l’impulsion du général Henrys, un colonisateur du Maroc, que le général Guillaumat appelle, dès janvier 1918, au commandement de l’armée française, plus de 1 000 hectares sont cultivés en légumes pour les seuls besoins de cette armée (300 hectares en cultures maraîchères, 460 en pommes de terre, 170 en maïs, etc.), et chaque division a, en outre, dans sa zone de stationnement, son exploitation horticole ; dans la seule zone des étapes, furent récoltés, durant l’été 1918, 42 000 quintaux de foin, 113 000 quintaux de paille ; en août 1918, le service agricole livre 339 000 kilos de légumes divers, soit plus de 10 tonnes par jour.

Les indigènes eux-mêmes, à qui l’on achète les produits des champs à des prix rémunérateurs, se mettent avec ardeur à l’ouvrage. La récolte des céréales en 1918 est, sur celle de 1917, en augmentation de 30 pour 100 ; le rendement des prairies est accru de 50 pour 100. Le service agricole ne s’est pas contenté d’une réquisition avantageuse, il aide de ses conseils, de ses exemples, le paysan arriéré : il nivelle, il débroussaille, il écobue les prés ; il reconnaît les terres en friche, il organise des fermes modèles (quatorze fermes de 1 000 hectares chacune dans les plaines du Vardar, de Kozani, de Monastir) pour le blé et les fourrages, accessoirement l’élevage (à l’origine, on y parque des troupeaux de 200 moutons) ; il fait venir de France des machines ; à Vatilouk (Nord-Ouest de Salonique, sur la rive gauche du Vardar), une école de motoculture est fondée et ses élèves, moniteurs français des autres centres agricoles, répandront les méthodes nouvelles à l’intérieur de la péninsule. Déjà, les procédés se perfectionnent : les indigènes, qui semaient le maïs à la volée, s’initient au semis en ligne ; ils plantent la pomme de terre qu’ils ignoraient jusqu’alors.

L’œuvre la plus remarquable fut accomplie à Koritza.


Emmurée dans les grandes chaînes blanchâtres d’entre Albanie et Macédoine, s’allongeant du Nord au Sud depuis les mamelons herbeux du Tomor jusqu’aux palis de croupes sèches, dernières ramifications du Pinde, se déploie une large plaine couverte de tabac et de céréales, encadrée de fontaines, d’arbres à fruits, de vignobles et de villages : c’est la plaine de Koritza.