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surfaces sont pétrolées au compte-gouttes ; des puisards sont creusés par ailleurs ; des marais enfin sont asséchés. Ainsi entre Ekchissou et Sorovitch la mission aménage le déversoir du Roudnik dans le lac de Petersko, creuse un canal de deux kilomètres qui dessèche les marécages du Roudnik et les prairies mouillées de Sotir, offrant à la culture des centaines d’hectares stériles. Un canal d’écoulement de 5 kilomètres entraîne dans la basse plaine les mares qui empoisonnaient Florina. A Sakoulevo, à Vakoufkeuil les eaux stagnantes sont dérivées vers la rivière. Dans la plaine de Koritza, dans les vallées que suivent les routes de Florina et de Monastir, dans tous les villages que traversent les convois de notre extrême-gauche, ce sont travaux de même nature. Le long de la voie ferrée Salonique-Monastir, le combat n’est pas moins actif : le lacis des marais et ruisseaux de Vertekop, au pied des montagnes, est drainé vers la Voda ; à Vodena, le quartier de Koupri est débarrassé des anophèles ; à Vladovo, des terrains de culture sont conquis sur les marais. Dans la Campanie littorale, à Topsin, il Samli, à Gradobor, des marécages disparaissent. A Salonique même, la ville la plus malsaine de Macédoine, où fut installé le plus important de nos centres sanitaires, des quartiers entiers furent ramenés à la vie. Au total, durant l’été 1917, avec l’aide de la main-d’œuvre locale qui fournit près de 76 000 journées d’ouvriers, la mission antipaludique comble ou assainit 629 mares, couvre ou aménage 5 603 puits, citernes ou réservoirs, visite 16 179 maisons.

La défense contre le moustique réclame des armes spéciales durant la saison fiévreuse, du 15 avril au 15 novembre : la quinine préventive et le bouclier protecteur, moustiquaire de tulle ou grillage de toile métallique qui ferme hermétiquement la maison. Des affiches dues à la plume des maîtres de la caricature exposèrent aux récalcitrants les inconvénients de l’indifférence ; des inspections efficaces, le contrôle de la quinisation par l’analyse de l’urine, la surveillance par les médecins de la mission des Macédoniens eux-mêmes (15 000 furent quinisés durant l’été 1917, les habitants de 86 villages en 1918) eurent des résultats positifs : dès le second été de la campagne anti-paludique, la mortalité paludéenne de l’armée française tombe à 0,59 pour 100 (juillet et août 1917). Les chiffres à cet égard ont leur éloquence :