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400 kilos au maximum ; celle d’un mulet de 100 kilos. Aussi une division traîne-t-elle avec elle une caravane imposante : pas moins de 3 000 chevaux, plus de 3 000 mulets de bat, près de 600 voilures. Et si l’on défalque de ces nombres les 2 000 chevaux, les 300 voitures de l’artillerie divisionnaire, une unité d’infanterie (il y a alors quatre régiments par division) ne traine pas moins, au train de combat et au train régimentaire, de 596 animaux de selle, de trait, de bat, et d’une vingtaine de véhicules, le train des équipages les 300 animaux et 60 voitures . de la compagnie divisionnaire, une compagnie muletière (200 mulets), une compagnie d’arabas (200 arabas à deux chevaux). En comptant 10 mètres par voiture attelée, la moitié seulement pour un mulet bâté avec ses bagages, sans même l’intervalle nécessaire entre les animaux ou les voitures, c’est sur plus de 3 kilomètres que s’allonge le convoi d’un seul régiment.

Pour ravitailler l’avant, soit les dix divisions de l’aile gauche, qui doivent arrêter l’armée bulgare, puis reconquérir la Macédoine, l’arrière ne dispose que de deux routes, le chemin de fer Salonique Verria-Ostrovo à voie utuque et la route Salonique-Verria-Kozani. Sur celle-ci, après trois mois de labeur, sur 150 kilomètres les automobiles circulent. Mais dans la campagne de Salonique, Camargue marécageuse, herbeuse, venteuse, dès septembre la route redevient fondrière, les ornières sont de vrais ruisseaux ; les autos préfèrent la rase plaine, traçant toujours des pistes neuves. Au delà de Verria lu roule gravit les pentes du Vermion Oros, dans les chênes-verts, puis les fougères, parvient aux croupes rocailleuses, dénudées, du pénible col d’ichiklar (1 600 m.), dévale en moins de 10 kilomètres à 700 mètres d’altitude, s’englue à nouveau dans les marais du Sarigöl pour remonter encore sur l’éminence de Kozani.


C’est sur cette route que s’engage l’« armée provisoire d’aile gauche. » Tandis que les troupes serbes reprennent l’offensive, ayant comme objectif la Malkanidjé, le Kaïmaktchalan qui par une chaîne de 1 000 à 2 500 mètres ferment à l’Est le bassin de Monastir, l’armée française — deux divisions, les 57e et 156e, auxquelles est jointe la brigade russe — tentera l’attaque débordante sur le flanc droit des Bulgares.