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plaine de Kaïalar, la gauche serbe se ressaisit et la masse bulgare stoppe. Une brigade française (156e D. I.) arrive à la rescousse. La situation est rétablie.

Les seules troupes alliées étaient la garnison du camp retranché de Salonique : 190 000 hommes. Avoir durant six mois imposé le respect aux Germano-Bulgares qui s’étaient vanté de jeter le corps expéditionnaire à la mer, c’était déjà un succès. C’était encore un succès que l’arrivée sans encombres en juillet des 122 000 Serbes de Corfou, puis d’une brigade russe (9 000 hommes), en août d’une brigade (bientôt après division) italienne (23 000 hommes). Bien que, dès le mois de mars, on se fût préoccupé en France de demander à l’armée d’Orient sa contribution dans la grande bataille dont le pivot était Verdun, bien qu’on eût songé alors à rendre apte notre infanterie à la guerre macédonienne, il fallut plus de trois mois pour décider l’Angleterre à admettre l’unité de direction sur le front oriental (juillet), à équiper ses divisions en vue de la guerre de montagne, pour donner au général Sarrail le commandement de l’armée serbe, pour se résoudre à l’offensive générale, pour obvier à la dernière heure au changement de plans imprévus qu’imposait la Roumanie, hypnotisée par les terres transylvaines, soudain oublieuse du danger bulgare. On atteint donc l’été et les fièvres : 20 à 40 p. 400 de nos effectifs sont impaludés. La force offensive est amoindrie.

5 divisions britanniques montant la garde dans le secteur oriental du camp retranché de Salonique, renforçant leurs positions de Doïran, de la Strouma et des lacs, 6 divisions serbes engagées dans l’offensive bulgare, tenant les hautes cimes au Nord de la Karadjova, au Nord et à l’Est du lac d’Ostrovo, barrant la plaine de Kaïalar, la division italienne qui relève une division française sur le front défensif du Bélès, 4 divisions françaises et la brigade russe, masse de manœuvre qui doit muer en flanc offensif le liane défensif : au total, sur le papier, environ 350 000 hommes ; en fait, la maladie, les innombrables convois, nécessaires pour vaincre la distance, réduisent ce chiffre de moitié.

En vue de l’offensive, les divisions françaises ont reçu des moyens de transport appropriés à la montagne ; presque toutes les voitures cèdent la place à des arabas à deux roues et deux chevaux, à des mulets. Mais la charge utile d’une araba est de