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qui trahissent la volonté du commandement allemand de diriger les opérations à venir, de placer des troupes allemandes aux endroits critiques, d’écarter les corps suspects : ainsi l’on dissout la 11e division bulgare recrutée parmi les Macédoniens, chez laquelle les désertions nombreuses révélaient un enthousiasme mitigé de servir l’envahisseur. Dès le mois de mai le front de Monastir est renforcé au détriment des fronts de Dobroudja et de Macédoine orientale : tandis que de Stroumitza à Xanthi s’étalent trois divisions bulgares et que trois autres défendent la frontière roumaine, il n’y a pas moins de cinq divisions bulgares (équivalant au moins à sept divisions allemandes) et deux divisions allemandes sur les 100 kilomètres de front de Monastir au Vardar. A la fin de juillet la menace roumaine et la convoitise des terres grecques de l’Est n’amènent qu’une légère perturbation dans cet ordre de bataille : sur le front roumain trois divisions bulgares, une brigade d’infanterie, une brigade de cavalerie ; sur la Stroumitza et la Strouma deux divisions, deux brigades et des éléments d’une quatrième division ; sur le Vardar deux divisions bulgares et la 101e allemande, la seule qui reste en Macédoine. Ces forges assiègent le camp retranché. La masse de manœuvre, disponible dans la plaine de Monastir, est de deux divisions d’infanterie (chacune à trois brigades), des trois brigades de la cavalerie. Voici donc en Macédoine 8 divisions d’infanterie, 1 division de cavalerie bulgare, 1 division d’infanterie allemande, environ 280 000 hommes. Le but du commandement germano-bulgare est, par une invasion rapide sur les deux ailes, de couper la retraite aux Alliés à l’intérieur de la Grèce, de contraindre le général Sarrail à une bataille de siège, à une capitulation totale.

Le 17 août, les Bulgares franchissent des deux côtés la frontière de Grèce, puis s’avancent à travers les plaines, où ils ne rencontrent nulle résistance, à l’Est jusqu’à la Strouma, à l’Ouest jusqu’au lac d’Ostrovo (23 août).

L’attaque bulgare nous imposa la lutte. Si à l’Est les Grecs, trahis par leurs chefs, ont dû se rendre ou s’exiler, à l’Ouest la petite troupe serbe est contrainte à se replier en hâte : les Bulgares occupent Florina que couvraient des tirailleurs annamites et un bataillon serbe sans artillerie ; à Banitza un régiment serbe ne peut tenir devant quatre régiments bulgares. Mais le 23 août, au défilé qui unit le bassin du Roudnik à la