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d’honneur ! » Néanmoins ce goutteux est un vieux roquentin. Un autre jour, c’est une lettre qui lui est glissée, — elle les montrait toutes à sa mère, — sauf celles qu’elle recevait de France. — Mme du Noyer n’y insiste pas...

Après son mariage malheureux et son abandon, Mme Constantin, qui commençait à se lasser de la vie aventureuse qu’elle menait à l’étranger, se rapprocha de son père. Du Noyer la rappelait depuis longtemps en France. Il voulait en faire une catholique.

Un soir à la Haye elle quitta sa mère et sa sœur pour se rendre à l’Opéra, — et ne revint jamais. — On apprit par la suite que Mme Constantin était entrée dans un couvent pour s’y instruire de la religion catholique. Sa mère ne la revit pas.

Dans les mémoires de M. du Noyer, il apparaît que la petite masque prépara de longue main cette fuite. Les mémoires contiennent encore beaucoup de lettres de Mme Constantin affichant une grande piété ; elle écrit aussi : « Je loue le Seigneur de m’avoir fait la grâce de venir me mettre aux volontés d’un si bon père. »


On pourrait supposer qu’après de pareilles mésaventures, une mère, — fût-elle écervelée, — regarderait à deux fois avant de choisir un second gendre ? Mais aucune expérience n’ins- truit M°" du Noyer. Ayant à peine achevé le malheur de sa fille ainée, cette femme extraordinaire commença activement à s’occuper de la plus jeune.

Pimpette, fort jolie aussi, était beaucoup plus délurée que sa sœur. Par Pimpette, l’exemple de sa sœur Mme Constantin ne sera pas suivi, car de la religion, réformée ou non, la cadette n’a cure. — Elle a bien d’autres pensées en tête vraiment ! Elle est coquette, spirituelle, rusée, ingénieuse... Hélas ! A quoi lui servira tant de charme et d’astuce, puisqu’elle deviendra amoureuse ? — Pimpette s’éprit à quinze ans de Jean Cavalier.

On sait qui était Cavalier ; justement un livre récent de M. Frank Puaux a remis le nom du chef des camisards sur l’affiche [1]. M. Frank Puaux est encore un de ces bénédictins

  1. Colonel J. Cavalier, Mémoires de La Guerre des Cévennes. Traduction et notes par F. Puaux « Payot, édit.).