subrepticement avec elles pour la Suisse, y voyagea, et finalement s’établit à La Haye.
A l’étranger, Mme du Noyer mena une vie assez bizarre.
Nous savons qu’en parlant elle prit 2 000 écus dans les tiroirs de son époux, et les diamants de son mariage ; qu’elle achetait en Hollande trois maisons, possédait des effets sur la banque d’Angleterre, etc. ; pourtant, nous savons aussi que la dame sollicitait du Grand Pensionnaire à La Haye (premier ministre) et de Guillaume d’Orange, secours et pensions [1] ; qu’elle « courait de porte en porte, revêtue de mauvais haillons, » et que ses filles lavaient la vaisselle... Néanmoins, des témoins affirmèrent que, pendant cette période, Mme du Noyer « possédait une douzaine d’habits magnifiques. »
Au milieu de tout cela, il lui vint à l’esprit de marier ses filles, — idée funeste, comme on le verra. — Un certain comte de Dohna Férassière, lieutenant-colonel d’un régiment suisse du service des Pays-Bas, ami de Mme du Noyer qui lui avait des obligations, aida, pour s’en acquitter, au choix déplorable du premier de ses gendres [2].
Malheureusement, la mère nous fait peu connaître le caractère de sa fille aînée. Elle ne parle que de sa beauté, de ses charmes, de sa jeunesse en fleur ; en lisant les mémoires de M. du Noyer, l’enfant nous apparaît douce, intéressée, assez sournoise ; elle écrivait en secret à son père, sur sa mère, des rapports dans lesquels elle accable celle-ci de la plus terrible façon. ;
Donc, en 1703, une proposition vint du comte de Dohna. Cet ami avait découvert un parti pour la jeune fille.
C’était un lieutenant de cavalerie du nom de Constantin, à la vérité plus très jeune, « sage comme un Caton, et d’humeur à rendre une femme très heureuse. » Tout dépend du point de vue duquel on se place... et d’abord ce Caton, « maître économe, » de goûts sérieux, ne parut pas devoir plaire. Alors en garnison dans le gueldre espagnol, il ne pouvait quitter Nimègue avant la fin de la campagne « on était en pleine guerre