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Dès 258, les légions de Gaule avaient salué empereur Posthume. Posthume, qui était un homme de mérite, parvint, après la mort de Valérien, à se faire reconnaître en Espagne et en Bretagne, et il fonda un empire gallo-ibérique qui dura jusqu’en 267, en dépit des attaques de Gallien. Au même moment, en Orient, un général de Valérien, Macrien, avec- l’aide de la ville de Palmyre et du plus riche et plus puissant de ses habitants, Odenath, avait de sa propre initiative combattu les Perses et les avait chassés, sauvant ainsi les provinces les plus riches de l’Orient. Mais encouragé par ce succès, il jugea bon de s’emparer de l’Empire en faveur de ses deux fils.

Odenath au contraire demeura fidèle à l’Empereur et avec le titre de dux Orientis, il se mit en guerre contre Macrien. L’Occident et l’Orient étaient démembrés ou sur le point de l’être. L’audace des Barbares augmentait à mesure que l’Empire s’affaiblissait. En 261 les Alamans réussissent à envahir l’Italie et ce n’est que sous les murs de Milan que Gallien parvient à les battre. Peu après les Francs font leur première apparition, envahissant la Gaule et l’Espagne, et poussent, à ce qu’il semble, jusqu’en Afrique. Les Barbares de l’Europe orientale, les Goths, les Hérules, les Sarmates, pillent les rivages de la Mer Noire, forcent les Dardanelles et pénètrent en Grèce et eu Asie. En 267 les Hérules bivouaquent dans la Grèce sacrée, à Athènes, à Corinthe, à Argos, à Sparte. Faible et incapable, Gallien ne sait rien opposer à tant de calamités ; le désespoir s’empare des populations ; chaque province, chaque région, espérant se mieux défendre seule, se révolte et se donne un empereur particulier. Pendant les dernières années de la vie de Gallien, les prétendants, les « tyrans » comme les nomme l’histoire, sont si nombreux et si passagers, qu’il est presque impossible d’en retracer l’histoire. En Germanie, où la guerre contre l’Empire romain était en train de devenir, — pour employer des mots modernes mais qui conviennent aussi au passé, — la grande « industrie nationale, » on comprit alors que le moment était propice pour tenter un grand coup. Plusieurs peuples germaniques s’entendirent pour former, sous lo nom de Goths et d’Alamans, une coalition puissante contre l’Empire. Au printemps de 268, une forte armée passait sur la rive droite du Danube, envahissait la Macédoine orientale, la Grèce, les Cyclades, Rhodes, Chypre, et les cotes de l’Asie Mineure. En