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être absorbée, un profond travail politique s’accomplit actuellement dans les États du Sud. En Bavière, le parti populaire Bayerische Volkspartei, dont le chef est le Dr Heim, mène une campagne très active et très fructueuse contre la fraction du Centre allemand inspirée par Erzberger et s’est définitivement séparé d’elle. Les associations paysannes, très puissantes en Bavière, combattent à la fois la trop grande influence des organisations ouvrières qui prennent leur mot d’ordre à Berlin et la nouvelle constitution d’Empire trop centralisée à leur gré ; elles sont nettement particularistes, royalistes et antisocialistes. Le Dr Heim, qui est à la tête de toutes ces associations rurales, n’hésite pas à qualifier de « traîtres au pays » les députés bavarois qui ont voté cette constitution. « Je suis fédéraliste, s’écriait le Dr Heim au récent congrès de Munich, parce que je vois dans le fédéralisme le salut de l’Allemagne. » Et le ministre des Finances de Bavière, M. von Speck, déclarait dans un meeting : « L’Allemagne ne peut vivre qu’avec le système fédéraliste. Prochainement le peuple bavarois se prononcera par voie de plébiscite sur cette question vitale. » Le parti populaire, sous la direction du comte von Bothmer et du Dr Heim, a créé l’Union allemande, Deutscher Bund, qui se propose d’entrer en contact avec les partis fédéralistes qui, dans les autres pays allemands, se donnent pour programme de lutter contre la centralisation « suivant le modèle français, » et d’empêcher l’Allemagne de devenir une Grande Prusse. Le parti se prépare à mener énergiquement la lutte au moment des élections qui auront lieu en avril ; il peut compter sur l’appui des conservateurs et de beaucoup de libéraux revenus des expériences socialistes. S’il l’emporte, le comte von Bothmer et le Dr Heim tendront la main au parti autonomiste et fédéraliste rhénan dirigé par le Dr Dorten, dont les intérêts et les tendances concordent sur les points essentiels avec les leurs.

L’activité politique de la Bavière et des pays rhénans trouve un écho très sympathique en Hanovre où le parti guelfe, dirigé par M. von Thannenberg, compte des partisans de plus en plus nombreux et dont l’activité s’étend jusque dans le Brunswick et le Oldenbourg, et même jusqu’aux anciennes villes libres de Brème et de Hambourg, Entre les chefs de ces différents mouvements s’établit tout naturellement un programme commun dont les deux points fondamentaux sont : plus de suprématie