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future constitution tie certaines autres parties de l’ancien Empire allemand, on le mouvement autonomiste, en ces derniers mois, a pris un développement caractérisé.

Au Congrès du Centre, à Cologne, nous avons vu que l’unité du Reich allemand n’était pas discutée. Ce. qu’il s’agit de savoir, ce n’est donc pas s’il existera une unité allemande, mais quels en seront la forme, la constitution et l’esprit, quels seront les droits respectifs des Etats ou des pays qui la composeront, et de l’organe fédéral. Le projet du ministre Preuss, qui supprimait tous les anciens Etats historiques pour tracer de nouvelles circonscriptions administratives, est abandonné. Parlant au président du Reich, venu à Stuttgard en août dernier, le ministre de l’Intérieur du Wurtemberg s’élevait contre tout essai de « centralisation à l’exemple de la Révolution française de 1789, » et déclarait que « l’Allemagne ne pouvait pas être gouvernée ni administrée par un seul centre. » Mais quels seront les « centres » et quels seront les droits de chacun d’eux ? C’est le même problème qu’a traité, devant l’Assemblée nationale, le 16, octobre, le ministre de l’Intérieur Koch. « La question essentielle sera de savoir, disait le lendemain la Gazette de Francfort, si chaque pays, chaque Etat particulier pourra prendre lui-même les décisions à venir suivant ses désirs ou ses intérêts particuliers, ou si l’Empire seul aura le droit de prendre ces décisions conformément aux besoins de l’ensemble de la nation et de la patrie allemande. » Que la nouvelle constitution ait « prescrit cette seconde voie, » la Gazette de Francfort s’en félicite et demande qu’on y persévère, mais c’est vers d’autres solutions que, dans les parties occidentale et méridionale du Reich, incline l’opinion publique. La politique d’Empire a entraîné l’Allemagne aux abîmes, elle a soulevé contre elle la réprobation universelle ; c’est un risque que sont résolus à ne plus courir les anciens pays historiques que la Prusse a conquis ou forcés par les armes à entrer dans l’Empire ; ils ne veulent plus qu’une étroite dépendance les oblige à recevoir de Berlin, tantôt la guerre par la volonté des Hohenzollern, tantôt la révolution par la volonté de la démagogie.

Ainsi se pose aujourd’hui le problème, et c’est le mérite des pays rhénans d’en avoir formulé les termes. Mais le mouvement est loin de se limiter aux pays rhénans. Sans parler d’une « Grande Thuringe » qui se cherche, et d’une Saxe qui ne veut pas