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dans l’ancienne politique, n’étaient pas qualifiés pour conduire l’Allemagne républicaine vers ses futures destinées ; ils résolurent de chercher leur appui dans le pays même et fondèrent l’Union populaire rhénane où entrèrent, sans distinction de parti ou de religion, tous les partisans d’une politique séparatiste. Des groupes sont fondés dans chaque village ; un comité directeur, dont le président n’est pas encore désigné, est à la tête de l’association. Le programme, daté du 10 novembre 1919, a été publié à cette date dans tous les grands journaux et affiché dans les zones anglaise et américaine. L’Union englobe « les pays rhénans, » c’est-à-dire : Province rhénane, Nassau, Hesse rhénane, Starkenbourg, Palatinat ; deux secrétariats se trouvent l’un à Cologne, l’autre à Wiesbaden. Pour la première fois apparaissent, dans un document d’allure quasi officielle, des expressions telles que « la nation rhénane ; » un article du programme demande « la diffusion de la civilisation rhénane, de l’amour du pays et de ses traditions. » L’Union veut une confédération allemande, mais, pour les Rhénans, « l’union de toute la race rhénane en un seul Etat confédéré, dont l’établissement prochain doit être réalisé par tons les moyens. » Dans les territoires occupés sera créée immédiatement « une représentation populaire auprès de la Haute-commission à Coblentz. » La démocratie rhénane s’appuiera « sur des bases foncièrement religieuses, » mais elle a un programme social très développé. Les questions économiques doivent passer au premier plan ; elles seront traitées en plein « accord entre tous les Etats de la nation rhénane. »


VI

Avec la fondation et les progrès de l’Union populaire rhénane, la question des pays rhénans entre dans une phase nouvelle. D’une part, les séparatistes, brisant les cadres des anciens partis, constituent eux-mêmes un grand parti avec un programme général de réformes politiques et sociales. Ils reviennent ainsi à cette politique sociale, qui fit autrefois la force et la popularité du Centre, la gloire d’un Windthorst ou d’un Mallinckrodt, et que le parti, depuis la mort de Bismarck, a désertée pour sacrifier aux idoles pangermanistes. D’autre part, la question rhénane apparaît de plus en plus en corrélation avec la