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palliatif insuffisant qui n’eut aucun succès. Le ministre-président de Prusse, M. Hirsch, se rend à Düsseldorf à la fin de juillet, réunit une conférence de 150 personnes triées sur le volet et fait des déclarations hostiles à une république autonome ; il expose ses projets de réformes administratives qui sont très froidement accueillis. A ce propos le Vorwärts (24 juillet, soir) publie un article significatif où s’atténue singulièrement son hostilité à tout projet de république autonome et où la Prusse est assez cavalièrement jetée par-dessus bord :

« Il est incompréhensible, et même tout à fait dangereux, dit-il, que le gouvernement prussien ait adopté, par la voix du Président du Conseil, une attitude de protestation vis-à-vis du problème de la rive gauche du Rhin. Cela est très commode, mais aussi gros de conséquences pour l’Empire ; car la pierre est entraînée sur la pente. Le peuple rhénan demande de nouvelles frontières politiques d’après ses besoins économiques. Le gouvernement hessois, aussi bien que les gouvernements prussien et bavarois, sont également intéressés à la question. Le remède ne consiste pas à exprimer sa confiance dans la fidélité à l’Etat, à élever des protestations ; car le danger d’un État particulier qui embrasserait toute la rive gauche du Rhin et rien que celle-ci (république rhénane de Dorten) croit de jour en jour [1]. » Puis, faisant allusion à un discours du ministre-président Hirsch qui avait parlé de sa « confiance dans les sentiments allemands de toute la population rhénane et dans son attachement à l’Empire, » le grand organe socialiste continue : « Le gouvernement prussien ne devrait pas s’insurger contre les désirs des populations rhénanes, si cette « confiance » est réelle. Le président Hirsch lui-même n’a pas osé ajouter que cette confiance pourrait s’étendre jusqu’à des sentiments « prussiens » et un « attachement » à la Prusse... L’esprit prussien vit encore et il est aussi incompréhensible pour les Allemands du Sud-Ouest qu’à l’époque de Guillaume. Cela ne peut pas changer si vite et cela ne changera pas. Même si la Prusse déclare qu’elle veut se fondre dans l’Empire, on ne verra encore là qu’une Prusse agrandie... La Prusse est toujours la Prusse, malgré une étiquette social-démocratique... »

Si intéressantes que soient les variations du grand journal

  1. Il n’est pas exact, ainsi que l’allègue le Vorvärts pour les besoins de sa cause, que la « République de Dorten » n’embrasse que la rive gauche du Rhin.